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Point de vue d’un salarié Captifs sur le travail social

Travail social - Association

 

« Le travail social ne suffit pas : ce thème m’a tout d’abord laissé interrogateur. Que cherche-t-on à démontrer ? Le travail social ne suffit pas… à quoi faire ? Quelle conception du travail social se cache derrière cette affirmation ? » François Brégou, Directeur Opérationnel du Pôle Précarité de l’association nous donne son point de vue.

 

« D’après le code de l’action sociale et des familles, « Le travail social vise à permettre l’accès des personnes à l’ensemble des droits fondamentaux, à faciliter leur inclusion sociale et à exercer une pleine citoyenneté. (…) Il participe au développement des capacités des personnes à agir pour elles-mêmes et dans leur environnement. (…) Il se fonde sur la relation entre le professionnel du travail social et la personne accompagnée (…). »

 

Une conception restrictive du travail social confère à ce dernier la responsabilité d’insérer ou de réinsérer les personnes se trouvant en marge de la société, en leur procurant un emploi, un logement. Deux indicateurs à partir desquels est trop souvent évaluée l’efficacité du travail social. C’est oublier que l’emploi et le logement sont rares, que nombre de personnes vivant dans une situation de grand dénuement ne peuvent y prétendre car en situation irrégulière. Et surtout que la plus grande exclusion réside avant tout dans l’isolement, qu’elle trouve sa source dans une suite de ruptures qui conduisent les personnes à ne plus avoir confiance en elles, en l’autre, dans les institutions. Le rôle majeur du travail social est alors d’accompagner les personnes pour qu’elles retrouvent confiance, estime d’elle-même, autant de ressorts qui leur permettent de retrouver espoir, envie, mieux-être, de se sentir considérées, de retrouver leur part d’humanité.

 

Cet accompagnement est complexe et nécessite d’appréhender chaque personne dans sa singularité, sa globalité, y compris sur le plan spirituel, de prendre le temps de tisser un lien de confiance, dans le respect du rythme de chacune. Face aux blessures profondes que connaissent ces personnes, il faut du temps pour nouer ce lien, réparer, accepter qu’il y ait des retours en arrière…

 

Accompagner les personnes exclues de la société ne peut être seulement l’affaire du travail social et des professionnels qui l’exercent. Elle est l’affaire de tous, dans l’attention et l’aide que tout un chacun doit porter à son prochain, en particulier le plus faible. D’où ce rôle important des citoyens, des paroissiens qui s’engagent bénévolement, certains aux côtés des travailleurs sociaux, et donnent du temps pour permettre aux plus exclus de retrouver leur humanité. Il en va de la cohésion de toute une société. Alors oui, le travail social ne suffit pas à lui seul à résoudre les problèmes de ceux qui subissent des difficultés économiques et sociales, dans une société qui exclut. Non seulement il doit être davantage reconnu dans sa vocation à accompagner les personnes exclues pour qu’elles retrouvent leur humanité mais aussi dans cette complémentarité indispensable avec l’engagement bénévole. C’est ce que nous vivons aux Captifs, dans chaque antenne, dans notre centre d’hébergement Valgiros où vivent sous le même toit des personnes qui ont connu la rue et des bénévoles résidents, dans un lien et une complémentarité avec les travailleurs sociaux. »

 

 

© Marine Clerc