Prières et prière solidaire

Pour prier avec les personnes de la rue et nourrir leur soif spirituelle, des temps de prière dits « prières rue » ou « prières solidaires » sont organisés chaque mois par l’association. Temps de communion, temps de fête, gratuits, inconditionnels, dans le respect de la liberté de chacun.

 

Vie spirituelle des pauvresLes pauvres ont aussi droit à une vie spirituelle

Dès le début de son action auprès des personnes exclues dans les années 70, le père Patrick Giros fait le constat que « le travail social est à réinventer ». D’un travail social idéologique, politisé, interprétant la marginalisation par les seuls déterminismes sociaux, il faut passer à un projet pleinement centré sur la personne.

Il dénonce en particulier la négation dans l’approche sociale de la dimension spirituelle des plus pauvres. L’injustice spirituelle est en effet beaucoup moins connue que les injustices économiques, sociales ou psychologiques faites aux personnes. Or la question du sens est aux racines même de l’existence d’une personne, de son désir de vie ou de mort, de sa capacité à mobiliser son intelligence, sa volonté et sa liberté. Nous n’avons pas tous la même « égalité des chances » pour accéder à ce registre existentiel et spirituel. D’après le père Giros et selon nous aujourd’hui, c’est à l’Église, à chacun de nous de prendre en compte ces âmes et de les nourrir.

« C’est la première fois de ma vie que je prie, je me suis senti tout léger à la fin », Sullivan

 

Prière solidaire avec les personnes de la rue ©Géraud BosmanPrier ensemble : la prière rue

C’est pourquoi dès le début de l’association, est créée la « prière rue ». Il s’agit d’un temps qui rassemble tous les mois les « Captifs », personnes de la rue et paroissiens. La prière rue est organisée dans les paroisses des antennes de l’association et dans les paroisses du diocèse que l’association soutient dans leurs actions auprès des personnes de la rue. Le temps de prière est suivi d’un repas. Une communion se vit, allant au-delà d’un simple projet de réinsertion. L’accueil est inconditionnel ; la liberté de chacun est respectée ; certaines personnes participent au repas sans participer à la prière ; elles sont accueillies chaleureusement. Ce sont des moments de relation à Dieu et de relation fraternelle les uns avec les autres, souvent joyeux et festifs. Les anniversaires du mois sont fêtés entre autres à ce moment là.

Il ne saurait être question dans l’association du moindre prosélytisme. Notre travail n’est pas de convertir quiconque, sinon soi-même, mais de révéler à l’autre, par nos actions, notre présence, nos regards, qu’il a du prix aux yeux de Dieu (Is 43, 4) et lui donner un espace pour qu’il accède à ce registre spirituel et existentiel comme tout être humain. Fondamentalement, il s’agit de révéler aux personnes rencontrées leur propre valeur, si souvent méconnue ou oubliée. Si les aimer à un sens, le projet est alors de leur donner des occasions à leur tour de pouvoir aimer… si elles ne nous ont pas déjà précédés sur ce chemin. En cet accompagnement, chacun se trouve révélé à lui-même.

 

Prières solidaires

 

J’ai vu un prêtre en col romain jouer au basket avec les gens de la rue

« C’était un jeudi soir de février à Sainte Jeanne de Chantal, un soir de prière solidaire. Tout a commencé par la prière justement avec les paroissiens de la rue et les paroissiens de d’habitude. Un temps pour chanter, un temps pour recevoir la Parole, un temps pour supplier Dieu miséricorde.

Puis ce fut le repas tous ensemble autour d’une belle table en U, nappe rouge et serviettes grises, omelette et gratin dauphinois, salade et fromage, clémentines, soucis de la rue et blagues, nouveaux visages et regards des habitués. Le vicaire qui a présidé la prière est là, Cedric, Paulo, Omar, Josette, Amandine, Malika, Sabrina, Richard, Marguerite, Valerica  aussi … Nous étions près de 50. Puis vaisselle et rangement. Et quand tout est net, le vicaire sort le ballon de basket, deux équipes se forment et nous jouons. Les règles sont respectées … approximativement mais l’esprit du jeu est là. Le jeu transcende les langues et tout le monde se comprend, s’enflamme et rit. Et peu importe qui a gagné… Certains ont joué, d’autres ont regardé et c’est la fraternité qui a gagné. »

Thierry des Lauriers, directeur de l’association. 

 

Pour en savoir plus sur la vie spirituelle au sein de l’association Aux captifs, la libération :