Témoignages de personnes prostituées

L’expression de souffrances vécues est très présente chez les personnes en situation de prostitution rencontrées par nos équipes. Être à leurs côtés, les écouter sans les juger et sans blesser par des questions inopportunes, ne pas enfermer la personne dans un passé… telles sont des attitudes de coeur que nous essayons de vivre auprès d’elles. Nous cherchons à les rejoindre là où elles en sont aujourd’hui. Qu’elles osent témoigner de cette réalité de vie a une valeur irremplaçable. Nous cherchons à les accompagner vers un chemin de réconciliation et de vie.

 

Témoignage de S., femme en prostitution

 

S., qui témoigne à visage caché, est une femme en situation de prostitution rencontrée dans le quartier de Pigalle, par les équipes de tournées-rue de l’antenne Sainte Rita.

 

 

Témoignage d’André, bénévole à Bordeaux

Sonia… 

« Cet après-midi-là, nous avons rejoint le groupe des bénévoles Captifs à Bordeaux. Pendant que je suis resté dans le local de l’association faire du rangement, faire quelques petits bricolages, deux bénévoles sont parties dans la rue rencontrer des jeunes femmes qui s’y prostituent. A leur retour, elles m’ont fait le compte-rendu de leur sortie. Trois jeunes prostituées qui étaient ensemble ont accepté d’échanger avec elles. Une seule des trois parlait un peu français. Aucune des trois ne parlait anglais. Très rapidement l’une des trois jeunes femmes s’est éloignée du groupe. Mettant de la distance avec les bénévoles venus à leur rencontre. Après quelques échanges, celle qui parlait un peu français a mis fin à la discussion. L’équipe est alors revenue au local faire le bilan de la sortie et réfléchir à cette rencontre et à son déroulement. Comprendre, apprendre, des personnes qui vivent de et dans la rue n’est pas toujours facile. Il ne suffit pas de vouloir bien faire pour bien faire.

 

« Nous lui avons demandé ce que nous pouvions faire pour elle. Elle nous a répondu que la moindre chose que nous pourrions faire pour elle serait une bonne chose ».

 

Puis est venue l’heure de fermer la permanence. Alors que nous tournions la clé de la porte du local, une toute jeune femme remontait la rue vers nous. Arrivée à notre hauteur, nous avons engagé la discussion avec elle. Nous lui avons proposé un chocolat chaud et un morceau de cake anglais. Elle a dit oui. Nous avons ré-ouvert le local. Nous nous sommes installés autour d’une table. Et nous avons partagé avec elle chocolat chaud et gâteau. Elle était très jeune, douce, gentille et très jolie. Elle ne parlait qu’anglais. Nous comprenions son anglais. Elle comprenait le nôtre. Elle nous a dit qu’elle venait du Nigéria, qu’elle était arrivée en bateau, qu’elle avait 21 ans, qu’elle était en France depuis un mois et demi seulement, qu’elle communiquait avec sa famille avec son téléphone portable. Nous nous sommes présentés. Nous lui avons présenté l’association. Nous lui avons demandé ce que nous pouvions faire pour elle. Elle nous a répondu que la moindre chose que nous pourrions faire pour elle serait une bonne chose. Nous lui avons montré sur un smartphone comment avoir accès à des cours de Français gratuit. Elle avait un tatouage auto-collant comme il s’en trouve autour des malabars. Il représentait une petite fermeture éclair grise sur le dos de sa main droite. J’ai pensé à une de mes petites filles qui aime s’en faire aussi.

Elle nous a demandé les heures d’ouverture de l’Eglise très moderne qui se trouve contre « notre » local. Elle nous a demandé de ne pas finir son morceau de cake anglais. Je l’ai ramené à la maison et mis sur le bord de la fenêtre de la cuisine. Tous les matins un rouge-gorge vient le picorer. Je l’observe en pensant à Sonia. Nous reverrons-nous? Ou sera-t-elle déplacée de villes en villes? Pourrons-nous l’aider à quitter la prostitution? Dieu lui donnera-t-il à manger comme il donne à manger aux oiseaux? L’ à venir nous le dira. »

 

Découvrez le regard des Captifs sur les personnes prostituées :