Les personnes prostituées : regard des Captifs

Considérer la personne en situation de prostitution dans sa globalité et sa complexité est un souci majeur de l’association Aux captifs, la libération. Des qualificatifs souvent entendus dans les débats comme « victimes », « travailleurs du sexe », ou « délinquants »  sont selon nous très réducteurs. Aussi avons-nous développé une approche spécifique de la question de la prostitution à partir de l’anthropologie chrétienne sur laquelle nous fondons nos actions et de notre expérience avec les personnes.

 

Femme prostituée à ParisPersonnes prostituées : des personnes avant tout

L’association fonde son positionnement sur une anthropologie humaniste chrétienne, qui voit la personne comme un être unique et porteur d’une dignité et d’une valeur incommensurables. Les personnes en situation de prostitution ne se résument pas à être des « prostitué(e)s »; elles sont des personnes avant tout, dans toutes les dimensions : physiologique, psychologique, sociale mais aussi artistique, intellectuelle, spirituelle, sportive etc. Ce sont autant de forces de vie en elles.

Les publics et les problématiques rencontrés sont très divers. Au-delà des spécificités sociologiques, nous pouvons les distinguer en fonction du regard que chacun porte sur sa situation prostitutionnelle et sur ses perspectives d’avenir. La prostitution, un choix libre? Nous proposons quelques éléments de réponses

 

Prostitution et regard de compassionUn regard différent sur la prostitution

Nous avons développé une approche de la prostitution différente de celles traditionnelles qui, selon nous, ne prennent pas en compte la personne dans sa globalité et sa complexité. Nous sommes persuadés que chacun aspire à l’unification intérieure, notamment au niveau corporel, psychique et spirituel, et donc qu’une dissociation de la sexualité par rapport à la vie intérieure de la personne n’est pas possible. La personne humaine ne peut être enfermée dans un schéma de pensée idéologique. 

 

Personnes en situation de prostitution en séjourForts de cette vision anthropologique comme de notre expérience auprès des personnes qui y ont recours, la prostitution :

  • Est source de souffrance, dans le sens où elle ne permet pas l’épanouissement (notamment affectif et sexuel) de la personne qui se prostitue – et dans une moindre mesure du client. Elle nuit au développement intégral de la personne car elle la morcèle entre son vécu physique, son vécu psychique et sa vocation profonde à une relation interpersonnelle.
  • Résulte d’une décision prise au vu de la situation de la personne à un instant T, aux circonstances qui l’entourent, à son histoire et aux perspectives qu’elle a devant elle à ce même instant. La décision de se prostituer n’est ni définitive ni irrévocable.
  • Peut se définir comme le « fait de fixer à un acte sexuel au sens large une valeur marchande avant cet acte ». Elle nous interroge ainsi sur le rapport que la société entretient aujourd’hui avec l’argent, la sexualité, le désir.

 

Les personnes en situation de prostitution témoignent avec pudeur et profondeur. Leur parole est particulièrement précieuse.

 

Lire le document « Regard d’Aux captifs, la libération sur une réalité complexe : la prostitution et les personnes en situation de prostitution »

 

Témoignage de bénévoles

« Nous vivons des moments précieux, où nous sommes dans l’être et non plus le faire, loin de toute recherche de contrôle, de résultats ou d’efficacité. »

 

Tiphaine et Alexis, jeunes mariés, sont bénévoles dans l’association. Chaque semaine, ils participent à une tournée-rue dans le quartier de Pigalle … Ils témoignent.

 

11393128_855292837859112_7627162839470063109_n« Quand nous nous sommes mariés, il nous tenait à cœur de prendre un engagement à deux pour donner de notre temps. C’est en allant à notre paroisse que nous avons entendu parler de l’association « Aux Captifs la libération » et plus particulièrement de l’antenne du quartier de Pigalle et de la Trinité. Aujourd’hui, cela fait un an que nous effectuons des tournées-rue auprès de jeunes femmes Nigérianes à Pigalle, un soir par semaine.

Cet engagement m’apprend la fidélité que Dieu a pour nous. Nous vivons avec ces femmes un temps d’amitié, où les liens sont forts et se construisent dans la vérité et l’authenticité de ce que je suis avec Alexis. Auprès de ces jeunes femmes, blessées par la vie mais bien souvent spontanées et joyeuses, les faux semblants ne marchent pas. Nous nous laissons profondément toucher par elles dans ce que nous sommes, comme elles se laissent toucher par ces rencontres régulières avec les volontaires qui leur rappellent sans doute leur humanité et expriment le respect et l’amour qu’elles méritent plus que tout autre!

C’est aussi pour nous un moment de couple privilégié, où il s’agit d’être l’un avec l’autre à l’écoute et dans l’accueil de ce que Dieu souhaite faire de ces rencontres. Si l’apprentissage de l’abandon à Dieu n’est pas facile seul, il ne l’est pas plus pour un couple. Dans notre cas, avec cette obligation de venir à la rencontre de ces femmes les mains nues, seulement avec ce que nous sommes et rien de plus, nous pouvons dire que cette expérience nous y aide beaucoup.

Nous vivons des moments précieux, où nous sommes dans l’être et non plus le faire, loin de toute recherche de contrôle, de résultats ou d’efficacité. Dans ces relations, nous apprenons la force du temps long, de la patience et de la régularité.

C’est une belle expérience de couple mais aussi de communauté. La vie de groupe avec les jeunes femmes et les volontaires, hors de nos cercles habituels d’amis / famille / collègues, est un bon moyen de vivre une vie fraternelle de paroisse ou de quartier. Enfin les rencontres avec ces jeunes femmes nous procurent aussi de grandes joies au travers de moments animés et chaleureux! Malgré la confrontation à la violence et l’extrême précarité de leur vie, cet engagement nous fait goûter chaque semaine la Grâce de ce que c’est que d’être ensemble enfants de Dieu. »

 

 

Découvrez le positionnement de l’association sur la prostitution :