Jeune de la rue

Parmi les divers publics SDF de Paris, l’association rencontre des jeunes en errance notamment autour de la Gare du Nord, dans le Bois de Boulogne et le Bois de Vincennes.

 

Jeune de la rue en séjour - © Damien PeyretDifférents visages

Les personnes appelées « jeunes en errance » furent d’abord ceux que l’on appelait « loubards » dans les années 80. C’est auprès d’eux que le Père Patrick Giros a débuté son ministère. Ces jeunes, des hommes pour la plupart, ont pris différents visages au fil des années : jeunes drogués, jeunes issus des foyers de l’ASE, marginaux, migrants, transsexuels, jeunes femmes victimes de la traite des êtres humains.  

Situé dans le 16è arrondissement, l’accueil LAZARE est un lieu de vie, de référence, d’écoute et d’orientation qui a pour vocation particulière d’aider ces jeunes garçons, rencontrés sur le secteur de la Porte Dauphine (avec le Bois de Boulogne et la route de Suresnes). La plupart d’entre eux viennent de Roumanie et d’Afrique du Nord. Cet accueil, ouvert du lundi au vendredi, offre à ces jeunes un espace à l’abri où ils peuvent prendre une douche, laver leurs vêtements, partager un repas, rencontrer l’équipe des bénévoles et des salariés, dans une ambiance familiale.

 

 

Témoignage de Sivi

« Oublier la galère et penser à l’avenir… »

 

Sivi, jeune de la rue en séjour ©Damien Peyret« Je m’appelle Sivi, je suis né au Congo il y a 21 ans. Mon père a été tué par des militaires pour des raisons politiques quand je n’avais que 8 ans. Ma mère a décidé de fuir le pays et est partie en France. Elle voulait me faire venir après. J’ai vécu chez mes grands-parents maternels à la campagne, puis chez un ami de ma mère. Mais un jour, il m’a chassé de chez lui et je me suis retrouvé à la rue sans aucune aide. Ma mère s’est remariée avec un homme en France et mourut en août 2002 à Paris. Un ami de ma mère m’accompagna en France pour vivre chez mon beau-père. Ce dernier a accepté de m’héberger avec ma sœur, et j’ai suivi des cours de français à partir de 2003. L’année suivante, mon beau-père prit une nouvelle femme, et ce ne fut plus possible de vivre chez lui ; il commença à me rejeter. Je me suis retrouvé seul et à la rue. Dans un premier temps, je suis allé dans des foyers. Mon professeur me donna l’adresse de l’association Aux captifs, la libération vers la gare du Nord (le centre d’accueil des Mineurs Isolés Etrangers, MIE). Nous commencions les démarches avec la DDASS pour être placé, mais le juge des enfants refusa car j’avais 17 ans et demie, donc bientôt majeur.

 

Après, je suis allé à l’accueil LAZARE. Là, j’ai beaucoup voyagé avec les Captifs, j’ai été visité un château à Dijon et la forêt en Bretagne. J’ai fait du ski à Briançon. Maintenant je suis le goal de l’équipe et je suis fier du foot. En 2005, nous avons demandé l’asile à l’OFPRA, mais ça ne marcha pas, encore. Grâce à Xavier (responsable du Club de prévention spécialisée LAZARE), j’ai pu revoir mon beau-père et ma sœur. Il veut bien que je la vois, ça faisait trois ans que je ne l’avais pas vue. Elle me rappelle ma mère. Avec Xavier, je fais de la musique aussi. J’aime trop la musique, surtout la musique typique, le rap. J’essaie de trouver des contacts pour enregistrer un disque qui parle de ma vie, parce que j’ai galéré beaucoup depuis que ma mère est morte. Quand je peux chanter, ça m’aide à oublier la galère. Oui, je suis blessé mais en parlant, en chantant, je suis tranquille, en paix. Maintenant il faut penser à l’avenir, mais c’est dur. Mais je suis honnête : quand je peux travailler, je le fais. Je suis poseur de moquette et de dalles et je fais de la peinture.

 

Il y a un message que je veux donner à tout le monde : il faut aimer les gens, et respecter les plus âgés. Je remercie simplement le bon Dieu parce qu’IL me réveille tous les matins en bonne santé. Je ne connais personne à part Dieu, je n’ai plus ma mère et plus mon père. Aujourd’hui, je suis en galère à cause du statut. Je n’ai aucun papier pour installer ma vie, seulement la domiciliation aux Captifs ! Mais je n’ai rien à dire, je regarde le bon Dieu. »

Sivi

 

Ce projet est soutenu par la Fondation JF & A Pélissié du Rausas. 

 

Pour en savoir plus sur les personnes sans abris rencontrées par les Captifs :