Au regard des problématiques et des besoins spécifiques des personnes en situation de prostitution que nous avons identifiés, nous avons cibler notre action. On peut distinguer 4 objectifs ou effets souhaités à long terme pour chacune des personnes rencontrées et accompagnées, sans évidemment prétendre réduire l’unicité de chaque parcours de vie.
Etre capable de relation à l’autre en dehors de l’environnement prostitutionnel
La prostitution de rue est souvent liée à un fort isolement social. L’activité elle-même conduit à une longue attente avec peu de contacts en dehors du monde de la prostitution : clients, autres personnes prostituées, proxénètes, police/gendarmerie… et, malheureusement trop souvent, agresseurs. A ce titre, la rencontre régulière avec les équipes de l’association est une fin en soi : rompre cet isolement pour un court instant, et pour entretenir une relation en dehors de cet environnement.
L’adhésion au lien proposé par l’association se traduit en différentes étapes, qui varient entièrement selon les personnes : accepter la rencontre, dans un premier temps, puis s’en saisir pour se confier ; venir sur le lieu d’accueil de l’association ensuite, et ainsi démontrer un engagement personnel ; accepter d’être orienté vers une autre association, qui témoigne d’un nouveau degré de confiance. Mais ces indicateurs concrets se traduisent également dans la sphère privée de la personne : nouer ou renouer des liens familiaux ou amicaux, accroître son sentiment d’appartenance à la société etc.
Porter un regard positif sur soi
L’exclusion sociale et les souffrances qui découlent de la situation de prostitution conduisent régulièrement les personnes qui y ont recours à se dévaloriser. Le rapport au corps est particulièrement en jeu dans l’acte prostitutionnel, et l’on constate que beaucoup d’entre elles négligent leur santé, voire prennent des risques importants. Au-delà du bien être physique, la multiplication des actes sexuels tarifés engendre une souffrance, dont les impacts se révèlent à court, moyen ou long terme. La sensation de n’être « bon(ne) qu’à ça », le dégoût de soi, sont des maux profonds qui entravent la liberté des personnes.
C’est pourquoi les programmes de dynamisation constituent une clé de l’accompagnement social proposé par les Captifs. Ils sont l’occasion de construire un projet en dehors de l’univers de la rue et de la prostitution, pour découvrir de nouveaux goûts, talents, ou simplement pour se reposer et apprendre à se réapprivoiser. Par ailleurs, l’association a à cœur de porter ce regard positif sur toutes les personnes qu’elles rencontrent, qui rappelle leur dignité inaltérable quelle que soit leur situation, afin de les accompagner dans la reconstruction de leur estime d’elle-même.
Mettre en œuvre un projet de vie discerné
A travers le parcours unique de chaque personne rencontrée, et son projet propre, notre action vise à l’aider à poser un choix libre, et non à plaquer un parcours d’insertion type. Ce choix peut concerner la situation prostitutionnelle et/ou un projet personnel, familial etc. Si l’association espère que le « projet de vie discerné » soit celui de quitter la prostitution, elle respecte celui de s’y maintenir, avec un nouveau regard.
Les actions correspondantes à l’objectif d’une mise en œuvre d’un projet de vie discerné sont l’ensemble de l’accompagnement proposé, de l’écoute en tournée-rue qui va aider une personne à prendre du recul, à l’aide dans les démarches d’insertion. On peut noter plus spécifiquement les ateliers collectifs de préparation à l’insertion professionnelle ou le suivi individuel vers la formation et l’emploi.
Etre autonome dans son mode de vie
Aux captifs, la libération dit le projet de l’association : c’est la liberté qui est visée, liberté de nos différentes formes de captivités. Cette capacité à être libre se traduit à la fois par un changement radical dans sa vie comme par l’autonomie au quotidien. Pour des personnes qui ont vécues longtemps en marge de la société, toutes les étapes apparemment banales du quotidien peuvent constituer un défi : s’orienter, prendre un billet de train, s’inscrire à la caisse d’assurance maladie, ouvrir un compte en banque etc. Par ailleurs, la gestion d’un budget fixe peut également être difficile lorsque l’on a l’habitude de vivre des revenus aléatoires de la prostitution, et de ne pas capitaliser.
Découvrez les différentes actions des Captifs pour les personnes prostituées :