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« La reine des petits riens »

Le magazine Panorama nous offre un portrait touchant de la routine extraordinaire de Nancy Krawczyk responsable de la douche et des machines à laver à l’antenne Saint-Vincent-de-Paul (Paris 10e). Nous découvrons à travers le récit et les photos de Romain Potocki le « royaume de Nancy » qui fait de cette « courte halte loin de la rue un moment d’intense humanité et de douce transfiguration ».

Après l’article dans Libération publié fin janvier sur la « dame des douches » le travail de Nancy continue à faire parler de lui. C’est au 10 rue de Rocroy qu’elle accueille ce « peuple de solitaires » qui trouvent près de Nancy un peu de réconfort. Ceux qui viennent, traversent la salle de permanence d’accueil pour retrouver Nancy qui accueille depuis 9 ans ceux qui vivent dans des conditions de vie difficiles. Les douches sont ouvertes à ceux qui sont suivis par un travailleur social ou aux personnes atteintes d’handicape.

Elle incarne une des valeurs cardinales de l’association : l’accueil inconditionnel. Nancy écoute sans juger et se transforme en témoin de la misère et de la violence. Elle accueille ceux qui viennent prendre une douche, lave leurs vêtements, en donne de nouveaux. Son organisation est minutieuse et Nancy se révèle comme une bricoleuse hors pair. Cette routine qui n’a rien d’ordinaire incarne l’héroïsme du quotidien et du service inconditionnel : « Alors je me sens démunie. Il me reste les petites choses ». Sous la plume de Romain Potocki on assiste à ces petits miracles rendus possibles par le simple accès à une douche et la présence lumineuse de Nancy.

Retrouvez l’intégralité de l’article ici : https://www.captifs.fr/wp-content/uploads/2023/10/Panorama_octobre2023_temoignageNancy.pdf

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Marie-Paule, de la prostitution au bénévolat

Dans ce témoignage, Marie-Paule nous raconte comment, grâce aux Captifs, elle a pu sortir de la prostitution et est devenue une bénévole très investie.

Quand Marie-Paule rencontre les Captifs pour la première fois, elle a 62 ans et vend son corps autour de la Gare Saint-Lazare à Paris. 40 ans plus tôt, elle quittait son Nord natal pour fuir un mari violent.

A l’époque de son arrivée à Paris, Marie-Paule fait la rencontre fatale d’un proxénète qui pendant des années la fera tourner à travers l’Europe ; en France, en Belgique et en Hollande. Une vie d’esclavage où on la paie avec des jetons de poker, où on la suit jusque chez le gynécologue, où, pour la terrifier, on lui montre des photos de fugueuses tabassées.

Ce n’est que grâce à l’emprisonnement de son proxénète qu’elle retrouvera sa liberté.

Alors, même des années plus tard, Marie-Paule, qui continue de se prostituer à son compte pour acheter une petite maison, n’a confiance en personne. Seulement, nous confie-t-elle : « Ces bénévoles de l’association Aux captifs, la libération ne sont pas comme les autres. Leurs maraudes sont les mains vides, ils ne proposent rien, sauf des préservatifs si on leur demande. Ils ne cherchent pas à savoir pourquoi ni comment on se prostitue. Ils sont juste là, fidèles au rendez-vous, le même binôme revenant toutes les semaines. ». « Ils étaient polis et ne s’imposaient pas », ajoute Marie-Paule, qui finit par se laisser approcher. Au bout d’un certain temps, elle accepte de venir à l’antenne Sainte-Rita (Paris 9e). Là, elle est reçue comme une personne dans toutes ses dimensions y compris spirituelle et non pas comme une victime qu’il faut sauver. Pour Marie-Paule, qui aime allumer des bougies dans les églises parisiennes, cette dimension religieuse est un énorme plus.

Aussi, Marie-Paule participe assidûment aux séjours proposés par les Captifs. Lors d’un de ces derniers, elle a rencontré le Pape François à Rome. Et c’est lors d’un séjour à Lourdes qu’elle a eu une discussion décisive avec l’un des prêtres qui accompagnent les Captifs. « Il m’a dit : “Bon, Marie-Paule, on fait quoi maintenant ?” Je lui ai répondu : “Mon père, à la fin de l’année, j’arrête la prostitution.” Et je l’ai fait ! », raconte-t-elle, en précisant : « Il m’a beaucoup soutenue. C’est ce prêtre qui m’a envoyée comme bénévole à la soupe des SDF », à la paroisse voisine de la Trinité.

Marie-Paule | Aux captifs, la libération

« C’est une association exemplaire, vraiment, moi, en tout cas, c’est grâce aux Captifs que je suis heureuse maintenant. »

Aujourd’hui, Marie-Paule est une bénévole à l’antenne Sainte-Rita où elle tient les permanences, malgré un cancer qui l’affaiblit.  « C’est une association exemplaire, vraiment, moi, en tout cas, c’est grâce aux Captifs que je suis heureuse maintenant. » conclut Marie-Paule.

Merci au quotidien La Croix qui a recueilli ce témoignage. 

Merci à nos donateurs et aux partenaires financiers qui soutiennent les Tournées Rues et les Accueils pour les personnes en situation de prostitution : Fondation Ad Astra,, Fondation Alter&Care, Fondation Anastasis, Fondation Cassiopée, Fondation Césarini, Fondation Eléos, Fondation Lila Lanier, Fondation Moral d’Acier, Fondation Pélissié du Rausas, Fondation Pipsa, Fondation Saint Vallerin, Fondation Sainte Foy, , Fondation Sisley, , le Secours Catholique.

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Les Captifs portent le cri de la rue dans la campagne présidentielle

Dans le cadre des élections 2022, l’association Aux captifs, la libération participe à la campagne « Les Oubliés de la République », organisée par The Good Lobby France, un réseau d’expertise pro bono au service des sans voix. Cette campagne a été lancée mercredi 16 mars, sur le média Twitch, en présence de François Hollande. C’est Fabrice, accueilli au sein de la colocation solidaire Valgiros, qui a représenté les Captifs. 

Entrepreneur pendant 42 ans, Fabrice est arrivé à la rue après de multiples galères administratives – dont il n’était pas responsable – qui l’ont contraint à fermer son restaurant et à licencier son personnel. L’équipe d’Aux captifs, la libération l’a rencontré alors qu’il vivait dans sa voiture, au Bois de Vincennes, et aujourd’hui, il est hébergé au sein de la colocation solidaire Valgiros. Son histoire, il a pu la raconter, mercredi 16 mars, à François Hollande, ancien Président, à l’occasion du lancement de la campagne « Les Oubliés de la République » sur le plateau de Purpoz, hébergée sur la chaîne Twitch (revoir le replay).  Cette campagne, lancée par The Good Lobby France, un réseau de conseil au service des associations, se traduit par le lancement de 6 podcasts donnant la voix à des publics que l’on n’entend jamais : des personnes sans domicile, des jeunes placés par l’Aide Sociale à l’Enfance, ou encore des personnes en situation de prostitution. Chaque podcast raconte une ou deux histoires, et porte l’avis de ces personnes sur les politiques publiques à mettre en place.  « En situation d’isolement, ignorés, parfois dans l’angle mort des politiques publiques, ces femmes et ces hommes perdent leur capacité à être acteurs de la société, privés de leur statut de citoyen, explique Gaëtan de Royer, directeur de The Good Lobby. Alors que la démocratie participative apparait comme un élément-clé de la construction d’une politique publique efficace, placer les Oubliés au cœur du débat public, les écouter, constitue un puissant message de fraternité, un premier pas vers leur reconstruction ». Pour lancer la campagne, François Hollande est venu, en direct, sur Twitch, écouter et discuter avec quelques témoins des podcasts. Il a écouté et partagé son retour d’expérience sur les décisions politiques qui peuvent être prises en déconnection avec certaines situations individuelles. Chacun a pu prendre conscience à quel point le lien humain est au cœur de la solution, et qu’il est souvent oublié. Pour Fabrice, la déshumanisation de l’administration française a clairement contribué à sa chute. « Quand vous avez une question à poser sur votre dossier, dans le Jura, et que votre interlocutrice est une téléopératrice basée en Espagne… Comment voulez-vous qu’elle me comprenne ? ». La campagne des « Oubliés de la République » a été lancée en partenariat avec d’autres associations qu’Aux captifs, la libération : Repairs !75 (association d’entraide d’enfants placés), Solenciel (réinsertion des personnes victimes de prostitution), et Entourage (création de liens de voisinage pour les personnes sans-abri). Elle se poursuivra par une consultation des candidats sur leurs ambitions pour lutter contre l’exclusion « civique » et, durant le prochain quinquennat, en sensibilisant les parlementaires à l’intérêt d’engager des rencontres directes avec les Oubliés.  

Pour revoir le lancement des Oubliés de la République, avec Fabrice et François Hollande : 

Ecouter le podcast Les Oubliés de la République, avec les témoignages de Fabrice et Azedine :

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Entendre la « clameur des pauvres »

Cet automne, pour la première fois, les évêques de France ont reçu lors de leur assemblée plénière à Lourdes des personnes ayant vécu une grande précarité. L’occasion pour ces personnes de s’exprimer et de dialoguer avec les évêques. Cette rencontre était une étape du parcours de réflexion voulu par le Conseil permanent sur l’écologie intégrale.

Témoignage de Désirée

Depuis 2019, ce parcours aborde les questions de la crise écologique mondiale et de l’avenir de la planète. Les évêques et leurs invités dialoguent avec des militants écologistes et des acteurs engagés dans la transition écologique. Avant le travail de synthèse de ce parcours qui aura lieu à l’Assemblée plénière de mars 2022, il fallait entendre la « clameur des pauvres », entendre leurs cris et leurs propositions pour un monde plus juste, entendre ce qu’ils attendent de l’Église pour construire et protéger la « maison commune ». Pendant deux mois, une douzaine de groupes de personnes en précarité ont travaillé, réfléchi, écrit et deux représentants de chaque groupe étaient invités à Lourdes. 

« C’est l’indifférence qui fait mal, comme les barrières, les préjugés. Il y a des barrières invisibles dans la société »

Désirée

Désirée, personne accueillie de notre association Aux captifs, la libération, a connu la prostitution en arrivant en France. Elle a rappelé que c’est « l’indifférence qui fait mal, comme les barrières, les préjugés. Il y a des barrières invisibles dans la société », ou encore que « la vie est difficile quand on n’a pas sa place dans la société ». Aux Captifs, « le fait d’être ensemble, entourée d’amis, dans de bonnes réunions à la recherche de Dieu, ce sont des moments éphémères de bonheur, créés par nous, qui nous apportent de la joie. Tu te sens plus aimée. Tu es moins rejetée grâce aux Captifs ! » nous explique-t-elle ! Dans tous les groupes (Lazare, Œuvre d’Orient, Réseau Saint-Laurent, Secours catholique…) c’était le même cri, le même désir d’être reconnu, aimé, écouté. Le même désir de contribuer par son expérience et son intelligence à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel, moins centré sur l’avoir, la possession et le pillage de la nature. 

Des demandes simples et concrètes

Beaucoup d’évêques ont été touchés par ces échanges en vérité. Ils ont été invités à prendre des initiatives simples et concrètes pour que les personnes en situation de précarité trouvent leur place dans l’Église.

Pour ces intervenants qui se sentent si loin de l’Eglise, ces petits groupes sont essentiels.  Ils y vivent la confiance, la fraternité, l’entraide et une parole libre autour de la Parole de Dieu. Ils ont évoqué par exemple des pèlerinages qui permettent de vraies rencontres des échanges en profondeur. Des demandes simples et concrètes que nous pouvons tous mettre en pratique dans nos paroisses : créer un groupe fraternel, ouvert en priorité aux personnes en situation de pauvreté et d’exclusion, pour vivre un partage de vie autour de l’évangile et petit à petit retrouver une place dans l’Église. Désirée en témoigne : « Grâce aux “Captifs” on est mieux. Accueillis à la messe, on se sent moins extérieurs. »  

Ce que vivent ces petits groupes de partage, c’est bien une Église qui marche au pas des plus petits, qui va chercher aux périphéries ceux qui se sentent jugés, oubliés. Une Église qui comprend que les petits ont beaucoup à nous enseigner.

Merci à Aleteia pour le recueil de ce témoignage à lire en entier ici.

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La coloc’ solidaire de Valgiros rénove ses cuisines

Dix ans après l’inauguration de la colocation solidaire Valgiros, l’association Aux captifs, la libération a rénové les cuisines partagées du bâtiment, situé rue de Vaugirard (Paris 15ème). Un coup de neuf bienvenu pour ces espaces de vie, au cœur des échanges de cette colocation pas tout à fait ordinaire, financé grâce à la générosité des mécènes.

À Valgiros, tout se passe en cuisine. En effet, dans cette maison qui héberge à la fois des personnes ayant connu la grande exclusion et de jeunes actifs, chaque lundi soir dans les différents étages, le repas partagé – préparé par l’un des résidents – est le point culminant de la vie commune entre les colocataires. Après dix ans d’utilisation, ces cuisines avaient bien besoin d’être rénovées et grâce à la générosité des donateurs et des partenaires financiers, le chantier a pu être mené à bien.

Au printemps 2021, une campagne de financement participatif a été lancé sur la plateforme Les Petites Pierres – dont la fondation abonde les montants récoltés afin de soutenir l’habitat en faveur des personnes les plus exclues : 7 500€ ont ainsi pu être acquis. C’est ensuite la Fondation Saint Gobain, en septembre, qui a choisi de s’engager aux côtés des Captifs pour financer les travaux et l’achat de nouveaux meubles et d’équipements pour compléter le budget. Fin 2021, les travaux ont donc été menés dans les cuisines des 2ème et 3ème étages.

La maison est donc désormais fin prête pour accueillir les futurs repas et échanges. Pour rappel, Valgiros est un centre d’hébergement original qui a vu le jour en 2010, sous forme d’une colocation au cœur du 15ème arrondissement de Paris. Au total, 21 personnes, hommes et femmes, passées par la rue ou la prostitution et 9 bénévoles, jeunes actifs, y vivent ensemble au quotidien, répartis sur 4 étages.

À Valgiros, les résidents – qui sont orientés par le 115 – s’engagent dans une vie commune avec des bénévoles étudiants ou en activité professionnelle désireux de vivre la proximité avec les personnes de la rue. En parallèle des activités de rencontre, d’accueil et d’accompagnement de l’association Aux captifs, la libération, l’objectif est de proposer un habitat adapté aux personnes ayant connu la grande exclusion sociale et de permettre la reconstruction des repères fondamentaux grâce à une prise en charge globale : hébergement en colocation, accompagnement social, accès aux soins et activités de remobilisation.

Comme dans toute colocation, c’est la cuisine qui cristallise la convivialité, vecteur d’insertion pour ces personnes qui se reconstruisent. Les repas sont l’occasion d’échanges informels, souvent bien loin des suivis d’ouverture de droits et des démarches administratives. Au contact de jeunes bénévoles dynamiques, ces femmes et ces hommes isolés ayant connu de grandes difficultés, réapprennent le partage d’une simple vie en commun, avec ses exigences et ses joies, ses moments de fraternité et ses tensions. Le repas est le lieu de toutes les rigolades, des histoires de chacun et des confidences autour d’un verre. C’est le lieu où l’on passe, où l’on se retrouve en fin de journée ou au petit matin. Le tableau des tâches qui y trône définit les contours et les règles de ce mélange improbable de parcours de vie.

Dans le but d’offrir un habitat digne et convivial que les résidents puissent s’approprier, il était urgent de remettre à neuf ces espaces de vie afin qu’ils soient propices à de tels échanges.

Belle coïncidence, c’est l’équipe de l’atelier d’insertion « OACAS* Bâtiment », également portée par l’association, qui a mené les travaux. Les six « compagnons » ont réalisé, d’octobre à novembre, la réfection complète des deux cuisines et du couloir du premier étage. Enduit, peinture, rebouchage, dépose des meubles de cuisines : trois semaines ont suffi à toute l’équipe pour assurer un cadre convivial aux résidents, sous la direction d’un chef de chantier.

Fin des travaux le 8 novembre 2021. Un immense MERCI à la Fondation Saint Gobain, à la plateforme de financement participatif Les Petites Pierres, ainsi qu’aux particuliers qui nous ont soutenu à travers cette dernière dans ce projet.

*Organisme d’Accueil Communautaire et d’Activités Solidaires : statut de l’atelier permettant d’engager des personnes précaires et sans papiers dans une démarche de réinsertion professionnelle

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Un Tour de France en auto-stop solidaire !

Voici l’histoire d’un jeune homme bien déterminé à réaliser un projet un peu fou : faire le tour de France en auto-stop. Et au travers de la découverte de nos régions, il n’en oublie pas les valeurs de générosité et de fraternité.

Théo, 22 ans, est originaire de Chemillé-en-Anjou, près d’Angers. Fin août 2021, il entreprend de boucler un sac de 17 kilos et de partir à la découverte des recoins de l’Hexagone. Avec une particularité : il s’agit d’un tour de France en auto-stop, en suivant les limites géographiques de la métropole. Ce sont donc plus de 6000 kilomètres qui attendent notre jeune courageux.

Arrivé sur les côtes Normandes, Théo contacte les Captifs. Il se dit que son périple pourrait très bien aider une « bonne cause ».

« Au début, je voulais partir pour découvrir la France que je ne connaissais pas bien » assure-t-il. « Mais des personnes que je rencontrais en stop ou qui m’ont proposé un hébergement me demandaient si je faisais ça pour soutenir une cause. J’ai donc cherché une association et je me suis rapproché des Captifs qui favorisent la rencontre avec les personnes précaires ».

La rencontre, c’est le quotidien de Théo. Entre les parcours en auto-stop et les nuitées chez l’habitant, Théo s’enrichit des rencontres qu’il tisse.

Les choses ne sont en revanche pas toujours simples : Théo est parfois obligé de marcher de longues heures quand aucune voiture ne veut le prendre. Et bien souvent, faute d’hébergement proposé, il est amené à planter sa tante dans les coins d’herbe en ville ou en milieu rural pour passer la nuit.

Après 30 jours, il a déjà parcouru 4200 km, dont 500 à pied !

Nous à souhaitons à Théo une bonne route et de belles rencontres en chemin.

Vous souhaitez soutenir Théo dans son parcours et participer à sa collecte pour les Captifs ?

Retrouvez le parcours de Théo sur les réseaux sociaux :

Instagram | Facebook

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Prostitution à Paris : des victimes de traite des êtres humains au cœur des rencontres

Au sein de notre association – Aux captifs, la libération – nous rencontrons et accompagnons des personnes en situation de prostitution « forcée ». Aujourd’hui, cette forme de prostitution se répand dans le cadre de la Traite des êtres humains (TEH), forme d’esclavage moderne, qui tend à supplanter la prostitution dite « traditionnelle ». 

Cet esclavage moderne implique le recrutement au-delà des frontières, le transport, ainsi que le logement des victimes à des fins sexuelles (dans 92% des cas). En Europe, 98% des femmes et jeunes filles victimes de cette traite humaine sont des Nigérianes. Contraintes au silence par leur proxénète, leur seule échappatoire consiste à rompre la promesse faite au « Ju-Ju » (rite vaudou) avant le voyage et à se rapprocher des structures associatives, capables de leur venir en aide. Explications de Solonika Lee, travailleuse sociale aux Captifs.

La prostitution forcée comme monnaie d’échange

La promesse d’un emploi, quelques mots doux et le tour est joué pour la Madam, médiatrice des proxénètes. Elle-même victime de ces derniers, elle recrute d’autres femmes et les accueille en Europe afin de régler plus rapidement sa propre dette.

Au cours d’un rite, la Madam et la fille fabriquent un « Ju-Ju », objet spirituel venant d’Afrique de l’Ouest souvent associé à la poupée vaudou, qui deviendra le symbole du contrat liant l’engagement de la fille à la Mama. La tradition veut que si une quelconque rébellion de la part des victimes naît, si elles ne règlent pas leurs dettes, si elles ne rapportent pas assez d’argent, si elles refusent de travailler ou tentent de s’émanciper, l’esprit malin du « Ju-Ju » les poursuivra tout au long de leur vie, les menant à la maladie, à la folie et parfois à la mort.

Pour ces femmes victimes de traite, c’est une fois arrivées en Libye que le calvaire commence ; « Elles sont violées mais elles ne se rendent pas compte encore qu’elles vont devoir se prostituer. Elles se disent que c’est un mauvais moment à passer et voilà. » explique Solonika. Ensuite, après un énième changement de passeur, les victimes arrivent en Europe où 35 000 € leur sont demandés. C’est à ce moment-là que la Madam rappelle la promesse faite au « Ju-Ju » et le risque qu’encourt leurs familles restées au Nigéria. La seule manière d’y échapper est de se prostituer afin de rembourser cette dette.

L’accompagnement des Captifs

Solonika Lee est travailleuse sociale à l’association Aux captifs, la libération depuis bientôt 4 ans et travaille principalement sur le secteur des maréchaux au Nord de Paris, allant de Porte de Clichy à Porte de la Chapelle en passant par Château Rouge. Son travail consiste à faire des tournées-rue (maraudes), pour rencontrer les personnes en situation de prostitution. Mais également à accompagner ces personnes et leur proposer si elles le souhaitent des activités et un suivi social au sein de l’antenne située à Sainte-Rita (Paris 9e). Parmi les activités, les femmes ont l’embarras du choix : de la simple permanence d’accueil à l’atelier d’art-thérapie, en passant par des sorties culturelles ou des cours de Français.  

Dans le cadre de leur accompagnement social, ces femmes ont la possibilité de suivre un parcours de sortie de prostitution (PSP) qui leur donne accès à des droits spécifiques : autorisation de séjour temporaire avec permis de travail, allocation financière spécifique, priorité pour les demandes d’hébergement. Sachant qu’Aux captifs, la libération est une des seules associations où les victimes n’ont pas à dénoncer les trafiquants, les femmes accueillies s’y sentent particulièrement en confiance.

Merci à Re-création by LOBA pour le recueil de ce témoignage à lire en entier ici.

Et merci à l’ARS Île-de-France, à la Fondation Sanofi Espoir, à la Fondation Notre Dame et à la Fondation Gratitude de financer ce projet.

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Reportage sur France 3 : campagne de vaccination pour les personnes de la rue

Vaccination à l’ESI « Chez Monsieur Vincent » – Aux captifs, la libération

Depuis quelques semaines, notre antenne et Espace d’Insertion Solidarité (ESI) du 10ième arrondissement de Paris a lancé une campagne de vaccination contre la Covid-19 destinée à nos personnes accueillies.

Cet ESI « Chez Monsieur Vincent », installé à quelques pas de la Gare du Nord accueille une quarantaine de personnes par jour. Cette semaine, l’association proposait aux personnes accueillies primo-vaccinées de réaliser leur seconde dose de vaccin. Pour Vincent Clos-Rousselle, responsable de l’ESI, ce type de circuit en parallèle est une manière pour les personnes SDF de surmonter « les nombreux obstacles qui les éloignent de la vaccination ».

Il explique également que « Donner accès au vaccin aux sans-abris permet d’atténuer leur sentiment de marginalisation de la société, ces personnes à la rue sont complétement exclues des lieux d’institution médicale traditionnels. Pour certaines, cela fait très longtemps qu’elles n’ont pas consulté un médecin ! ». Dans ce contexte, les Captifs sont un véritable relais entre ces personnes SDF et le corps médical.

Merci à France 3 île de France de s’être rendu sur place pour réaliser ce reportage.

« Ces personnes sans-abris sont exclues des lieux d’institution médicale traditionnels. »

A propos de l’Espace Solidarité Insertion (ESI) « Chez Monsieur Vincent » :

L’ESI est un accueil de jour. Situé au 10 rue de Rocroy (Paris 10ième), l’ESI est ouvert tous les jours de la semaine sauf les samedis et dimanches pour accueillir toutes les personnes en situation de précarité et de très grande exclusion.

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Prostitution : de l’art pour se reconstituer

Laure Callies-Vuillier lors d’un atelier d’art thérapie

Aux Captifs, nous proposons tout au long de l’année des ateliers de dynamisation aux personnes accueillies. Ces ateliers, souvent sous forme d’art thérapie, sont ouverts à tous de façon inconditionnelle. L’objectif des ateliers est de faciliter et permettre un éveil en profondeur de la personne; ils font partie intégrante de nos propositions de dynamisation de la personne. Immersion au sein de notre atelier d’art thérapie qui a lieu toutes les semaines dans notre antenne de Sainte Rita Bakhita.

Jess est victime de réseaux de prostitution, pourtant, pendant les ateliers d’art thérapie proposés par son antenne, elle est en confiance et rit de bon cœur. Pour elle, ces ateliers sont un moteur de reconstruction. Durant les ateliers, il n’y a pas de distinction entre les membres de l’association et les personnes accueillie précise Laure Callies-Vuillier, art-thérapeute qui anime cet atelier depuis 2017 : « Ici, on ne parle pas d’élèves et de maître ». Elle ajoute, « Ce n’est pas un cours de dessin, il n’y a pas de questions esthétiques, j’encourage surtout leur autonomie créatrice. ».

« Au fur et à mesure, ces femmes se redécouvrent elles-mêmes. Elles ne sont plus objets de leur vie mais sujets. »

À l’atelier, Laure reçoit les personnes accueillies rencontrées à Pigalle ou au bois de Vincennes lors des tournées-rue. Ces personnes sont souvent originaires du Nigéria. Chacune est libre de venir ou non à ces ateliers de l’antenne : « Je peux avoir 3, 5, 10 participantes… Je n’en accueille jamais le même nombre. ». En revanche, ce qui est constant « C’est le travail intérieur qui se joue dans l’ombre, analyse Laure. Un processus d’affirmation de soi : oser dire ce que l’on aime, savoir refuser. Le processus de création est un processus de transformation… à partir du moment où l’on crée, on se met en marche ! Au fur et à mesure, ces femmes se redécouvrent elles-mêmes. Elles ne sont plus objets de leur vie mais sujets. ». L’art-thérapeute ajoute : « Elles redécouvrent aussi la confiance en l’autre, qui a été détruite au cœur de parcours douloureux. Où qu’elles en soient, premières venues, ou déjà en réinsertion, on leur donne ce sas de liberté qui leur permet d’oser prendre leur vie en main. De persévérer aussi dans l’accomplissement d’une tâche, d’en voir le résultat, d’en être fières. ».

« Elles redécouvrent aussi la confiance en l’autre, qui a été détruite au cœur de parcours douloureux. »

Merci à Paris Notre Dame pour ce beau reportage à lire en entier ici.

Crédit photo : Marine Clerc

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La danse comme thérapie, un chemin de libération du corps

Au-delà des besoins concrets, exprimés par les personnes, auxquels nos actions tentent aussi de répondre, l’association souhaite avant tout que chaque personne retrouve sa dignité. Les programmes de dynamisation permettent d’éveiller en profondeur cette dignité. Ils ont une place fondamentale dans notre accompagnement.

Dans le cadre de ces programmes de dynamisation, l’antenne Sainte Rita Bakhita propose 2 fois par mois aux personnes accueillies de participer à des ateliers de « danse comme thérapie ». Ces ateliers sont proposés par l’association Loba, dans le cadre de l’accompagnement des Captifs. Témoignages d’Héloïse Onumba-Bessonnet, thérapeute de l’association Loba, et de Lydia, personne accueillie qui participe à ces ateliers.

L’association Loba (“Exprime toi” en lingala) ; créée en 2016 le projet Re-Création by Loba qui met l’Art au service de la Santé. Le but de ce projet est de venir en aide aux femmes victimes de violences sexuelles mais aussi de sensibiliser le grand public sur les violences sexistes et sexuelles. Pour cela, l’association Loba propose dans le cadre de ce projet des ateliers de « danse comme thérapie ».

Effectivement, la danse est un outil d’émancipation et un moyen d’expression permettant aux personnes ayant subi des violences d’extérioriser leurs traumatismes et de se libérer.

Le modèle de Re-Création by Loba est basé sur la complémentarité d’un binôme entre un danseur et un thérapeute afin de permettre aux femmes de se réapproprier leur corps et de faire un pas vers leur reconstruction.

Héloïse, thérapeute pendant les ateliers de « danse comme thérapie » nous explique comment ces derniers se déroulent : « Les ateliers sont en 2 temps, un temps de groupe de parole et un temps dansé avec un spécialiste dans son domaine pour animer chacun des temps. Ainsi, je m’occupe d’animer le premier temps sous forme de groupe de parole, et ma collègue, danseuse professionnelle anime le temps dansé. Cette complémentarité est un chemin de libération pour ces femmes. En effet, quoi qu’on en dise, les violences sexuelles ont un impact aussi bien psychique que corporel. Elles créent une rupture qui déconnecte ces femmes de leurs corps. Grâce à la parole et au mouvement du corps provoqué par la danse elles reprennent le contrôle. Elles retrouvent une estime d’elles-mêmes. Pour la plupart, il est impossible de guérir de telles blessures, mais au moins, en partie grâce aux ateliers elles arrivent à vivre avec. ».

« Après l’atelier on se sent libérée, légère. On se sent heureuse, bien dans notre peau. »

Lydia

Pour Lydia, nigériane de 22 ans arrivée en France en 2018, aller aux ateliers Loba est une fête : « J’adore y aller, à chaque fois c’est un bonheur de retrouver l’équipe de Loba, mais aussi de partager ces moments avec mes amies. J’aime leur façon de nous parler, de nous écouter, mais aussi de nous pousser à partager entre nous. On danse, on rit, on se confie, on oublie nos problèmes, ces moments sont précieux. ».

Non seulement c’est une fête, mais c’est aussi une thérapie pour Lydia : « Ces ateliers nous permettent de nous exprimer, à la fois avec ce temps de parole mais aussi avec ce temps de danse. Après l’atelier on se sent libérée, légère. On se sent heureuse, bien dans notre peau. Ça nous fait tellement de bien, merci, merci à vous ! ».

Merci à tous ceux qui soutiennent ce projet : Fondation Sanofi Espoir, Fondation Notre Dame, Fondation Gratitude, et Fonds Après-Demain.