La prostitution : un choix libre ?

Aux captifs, la libération construit son regard sur la prostitution à partir de son expérience et de ses liens avec les personnes en situation de prostitution et à la lumière de l’anthropologie sur laquelle elle fonde ses valeurs. Ce regard sur les personnes en situation de prostitution est nourri par une réflexion autour de la question du « choix » et de la liberté de la personne.

 

Prostitution dans les rues de ParisProstitution et choix

Les personnes rencontrées peuvent, pour des raisons différentes, revendiquer leur « choix de se prostituer ». C’est une question essentielle, autour de laquelle se cristallise les débats sur la réglementation de la prostitution. Dans notre anthropologie, la liberté de la personne est essentielle. Si cette aptitude à poser un choix libre demeure inaliénable, certains freins objectifs peuvent être identifiés à leur mise en œuvre effective parmi les situations de prostitution : contrainte exercée par un tiers, précarité financière, accoutumance au mode de vie prostitutionnel, blessure identitaire fondamentale.

Mais plutôt que de chercher à vérifier leur capacité d’autonomie, la définition qu’elles donnent au mot « choix », ou de caractériser à tout prix une situation de dépendance derrière ce choix, nous préférons porter notre attention sur ce qui, dans leur choix, les maintient dans toute leur dignité et leur capacité à exercer leur liberté.

 

Prostitution dans le quartier PigalleChoix et décision

A partir de quand une personne fait-elle un choix ? Si nous considérons que le choix est l’expression d’une liberté en conscience, les circonstances peuvent être telles qu’elles soumettent parfois une décision comme étant la seule possible, un moindre mal qui permettrait de survivre. En effet, quel(s) choix a une personne au moment où elle décide de se prostituer ? La décision de se prostituer est liée à la situation dans laquelle elle est à cet instant « t », aux circonstances qui l’entourent, à son histoire et aux perspectives qu’elle a devant elle, toujours à ce même instant. Il peut s’agir parfois d’un manque de choix ou même d’un moyen de défense trouvé à un moment donné comme un appel pour continuer à vivre.

 

Femme en situation de prostitutionSans jugement

On ne peut juger le choix d’une personne dans un manichéisme Bien contre Mal mais on peut discerner si, dans ce choix, elle met en œuvre sa volonté vers la vie. Est-ce que le choix de se prostituer contribue à être et se sentir vivant ? Peut-il être source d’épanouissement ? Participe-t-il à exprimer et faire fructifier la valeur unique de la personne ?

Dans tous les cas, la décision prise de se prostituer à un moment n’est ni définitive ni irrévocable puisque elle est liée à la situation d’alors. Et surtout, par la suite, chacun peut encore choisir la manière de vivre cette décision ou prendre une nouvelle décision. Nul ne peut ni ne doit rester enfermé dans cette décision : en situation de prostitution, il reste une personne dans toute sa dignité et capable de liberté.

Par ailleurs, il y a d’autres lieux que la prostitution où la personne met en œuvre sa liberté de décision : elle a fait et continue de faire des choix dans sa vie qui sont source de vie et de bonheur pour elle.

 

Lire le document « Regard d’Aux captifs, la libération sur une réalité complexe : la prostitution et les personnes en situation de prostitution »

 

Découvrez le regard des Captifs sur les personnes prostituées :