Femme SDF

La rue est un lieu de passage. Il n’est pas prévu qu’une personne habite dans la rue. Dans cet univers d’une grande violence où l’on parle plus de survie que de vie, les femmes sont moins nombreuses que les hommes. Parmi les personnes SDF rencontrées dans les rues de Paris, les femmes sont particulièrement vulnérables.

 

 

Témoignage de Patoche, femme SDF

« Pour sortir de la rue, il faudrait trouver quelqu’un… le problème, c’est qu’on ne trouve jamais quelqu’un disposé à t’accepter tel que tu es ».

Femme et SDF ©Damien Peyret

 

Patoche, comme elle a voulu être appelée, a vécue de nombreuses années à la rue, avant d’être responsable d’une structure d’hébergement en région parisienne pour des jeunes qui essayent de quitter la rue. Elle témoigne …

« Plusieurs choses me viennent à l’esprit. Tout d’abord, la rue est pour moi le dernier lien avec la vie avant la disparition. Lorsque plus rien ne vous retient à l’intérieur de la société, ni le travail, ni la famille, ni la situation sociale, alors beaucoup vont regarder de l’autre côté de la société, à l’extérieur, à la rue, comme pour mettre en stand-by un suicide.

La rue attire par ses aspects de liberté, d’aventure, mais surtout avec l’illusion de la rencontre possible avec d’autres. L’absence de cette rencontre avec les autres est souvent ce qui conduit à la rue. La rencontre est un révélateur puissant pour chacun. Sans rencontre, pas de reconnaissance, pas de réalité, pas d’existence possible. Beaucoup dans la rue n’ont pas eu cette rencontre avec leur famille d’origine. La rencontre construit, fortifie. Son absence détruit.

 

Sortir de la rue, c’est pouvoir se dire : je suis. Cela peut paraitre facile, mais c’est le résultat d’une longue construction de notre être à travers le regard, le toucher des autres. Beaucoup n’ont pas eu cette chance au départ… Pourquoi travailler lorsque personne ne compte sur vous ? Pourquoi arrêter de boire lorsque personne ne vous aime ? L’être humain n’est pas spontanément animé. Il a besoin de forces de vie pour combattre les forces de la mort. Une des principales sources de vie, ce sont les rencontres avec les autres qui m’aiment, me le disent, me demandent des services, toutes ces choses de la vie quotidienne pour la plupart, mais qui restent inaccessibles pour beaucoup d’autres.

 

La vie est un échange. Quand il n’existe plus, la vie ne disparait doucement sans faire de bruit. Les personnes à la rue ont faim de nous et nous leur donnons du pain. Il faut résister à la tentation de faire pour se donner bonne conscience et se donner soi-même pour leur permettre de pouvoir re-croire, re-naître, re-vivre ».

Patoche

 

Pour en savoir plus sur les personnes sans abris rencontrées par les Captifs :