3 questions à Elina Dumont

Anciennement sans-abri, Elina a connu l’enfer. Enfant de la DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales), pendant une bonne partie de son enfance, elle est victime de viols à répétition dans le village normand de sa famille d’accueil. A 19 ans, Elina arrive à Paris où elle rêve de faire des études, c’est malheureusement pour elle le début de 15 longues années à la rue. Aujourd’hui très engagée dans la lutte contre le sans-abritisme, comédienne et membre des Grandes Gueules sur RMC, Elina nous raconte son passé et son engagement actuel.

Après 15 ans à la rue, vous l’avez quittée définitivement, comment ?

Pendant 15 ans, je ne savais jamais où j’allais dormir, je faisais des ménages, je dormais dans des squats ou chez des hommes que je draguais. Effectivement, mon enfance a laissé des traces et vous imaginez bien qu’après tant d’années abusée sexuellement, je n’étais pas à ça près. L’important c’était que je me nourrisse et que je dorme sous un toit. C’est triste à dire, mais c’est presque comme-ci ces personnes qui avaient abusé de moi m’avaient préparée à la rue.

Après des années de galère, c’est la rencontre avec l’écrivaine Marie Desplechin qui va changer ma vie. Cette femme m’a confié la garde de ses enfants en échange d’une chambre de bonne. C’est elle qui m’a sauvée, grâce à elle, j’ai compris que je n’étais pas un objet sexuel.

Par la suite, j’ai écrit ma pièce de théâtre, c’est le début de mon combat.

En effet, votre pièce, « Des Quais à la Scène », mais aussi votre livre, « Longtemps, j’ai habité dehors » sont des témoignages poignants des épreuves de votre vie. A qui s’adressent-ils et pourquoi ?

Je m’adresse principalement aux « inclus », dont je fais aujourd’hui partie, c’est-à-dire à monsieur et madame tout le monde. Je les invite à changer de regard, à moins juger et être plus bienveillants. Je les invite à écouter les exclus et à être solidaires.

Je m’adresse aussi au gouvernement, car mon combat aujourd’hui est de lutter contre l’exclusion et la grande précarité qui sévissent à Paris. Dans mon combat, j’aide particulièrement les femmes sans abris. Qu’elles n’aient plus à coucher pour avoir un toit.

Vous êtes engagée dans le réseau Entourage ainsi que dans d’autres association et vous intervenez régulièrement dans les Grandes Gueules d’RMC sur les questions sociales. Quel message y portez-vous ?

Je suis vice-présidente du comité de la rue pour Entourage, missionnée par la Région Ile-de-France pour lutter contre le sans-abrisme des femmes et marraine de beaucoup d’associations. Mais aussi membre des Grandes Gueules sur RMC comme intervenante sociale. Tous cela, me permet de dénoncer la pauvreté et les conditions de vie déplorables des sans-abris. Sachant qu’étant passée par là, je suis plutôt bien placée pour les connaitre et donc les dénoncer.