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Un chemin de libération pour les victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle

Depuis 5 ans, des parcours de sortie de prostitution permettent aux personnes victimes de traite des êtres humains de s’extraire de l’exploitation sexuelle pour s’insérer dans la société. Aux captifs, la libération, nous accompagnons depuis 3 ans des personnes victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle dans ces parcours, explications.

Toutes les semaines, les Captifs effectuent des maraudes (tournées-rue) à destination des personnes en situation d’exploitation sexuelle ou de prostitution, parfois victimes de traite des êtres humains. Notre mission est d’aller à la rencontre des personnes sur leur lieu de vie et ou d’exploitation pour les aider à construire un projet de vie, pouvant aller jusqu’à la sortie de la prostitution. Nous proposons aussi des permanences d’accueil et un accompagnement global à travers un accompagnement social, l’accès aux soins et aux droits. Enfin, les Captifs mettent en place des activités de dynamisation et des séjours de rupture pour favoriser plus encore la reconstruction de ces personnes.

L’identification des victimes de traite aux fins d’exploitation sexuelle est une des priorités de l’association. Tout comme la sensibilisation des pouvoirs publics et de la société aux problématiques liées à la traite. Ainsi, depuis 3 ans, les Captifs sont agréés par l’Etat pour accompagner des parcours de sortie de traite à des fins d’exploitation sexuelle et de prostitution.

Comment se déroule ce parcours ?

Pendant le temps du parcours, les personnes bénéficient d’une allocation et d’une autorisation provisoire de séjour renouvelée tous les 6 mois qui leur permettent de ne plus dépendre des exploiteurs pour vivre. Le dispositif prévoit un accompagnement social, des formations et des cours de français en vue de leur reconstruction et de la réalisation de leur projet professionnel. Au bout de 2 ans, sous réserve de l’obtention d’un contrat de travail, elles obtiennent un titre de séjour de 10 ans.

Le lien social comme élément déclencheur

Ces personnes victimes d’exploitation sexuelle ont vécu des parcours d’exil et doivent combattre de nombreuses difficultés avant d’imaginer pouvoir refaire leur vie. Maltraitées et déconsidérées pendant des années, elles ont été privées de liberté et leur existence a été bafouée. A cela s’ajoute les traumatismes de l’exploitation sexuelle. Enfin, l’emprise des exploiteurs les place dans une situation de crainte et d’isolement par rapport au monde extérieur.

Ainsi, toute seule, une personne victime d’exploitation sexuelle n’a que très peu de chance de sortir de l’exploitation. D’autre part, la personne a généralement besoin de temps pour effectuer un véritable cheminement intérieur avant de se projeter dans une démarche d’insertion sociale. Il faut en moyenne 19 mois d’accompagnement pour entrer dans un parcours de sortie de prostitution. Pour ces personnes habituées aux relations tarifées, tisser des liens de confiance gratuits est l’élément déclencheur pour leur permettre d’exister en dehors de leur statut de personne exploitée et de découvrir la possibilité d’une autre vie.

Ainsi, la première étape est de reconstruire des liens sociaux naturels et positifs en dehors des réseaux de traite. C’est pourquoi les maraudes (tournées-rue), les dynamisations (activités sportives, ludiques et artistiques), les permanences, les cours de français, les sorties et les séjours sont primordiaux.

Un projet d’insertion exigeant

La prochaine étape est l’investissement régulier dans des activités plus exigeantes comme l’atelier couture. L’Atelier Bakhita Paris, proposé par l’association permet aux personnes de tester leur capacité à s’engager dans un projet et de travailler leur autonomie.

Un chemin de libération

Les personnes qui ont vécu l’exploitation ont été véritablement privées de liberté. Pendant l’accompagnement, il est très important qu’elles puissent pleinement exercer leur liberté et redevenir actrices de leur propre vie. Leur reconstruction personnelle passe par là. De cette façon, elles peuvent envisager un nouvel avenir de façon durable.

D’autre part, l’insertion professionnelle et sociale dans un nouvel univers peut devenir angoissant et source de pression pour ces personnes. Si ce choix de nouvelle vie ne vient pas d’elles-mêmes, elles abandonneront le projet.

Article écrit en collaboration avec Adeline Chastenet, travailleuse sociale et Louise de Carrere, responsable d’antenne. A retrouver en entier sur Contre la traite des êtres humains.