Urgence Ukraine – L’aide des Captifs

Depuis le mois de février, les Ukrainiens quittent en urgence leur pays pour échapper à la guerre. Nos équipes commencent à en croiser en rue et se mobilisent pour éviter les risques de Traite des Êtres Humains (TEH). Point d’étape avec Thibault Leblond, directeur du pôle Développement des Captifs.

 

Quelle est la situation aujourd’hui pour les Ukrainiens qui fuient leur pays ?

Globalement il y a deux situations :

  • Ce qui se passe dans les pays frontaliers, en l’occurrence en Pologne : des particuliers et des associations viennent proposer de l’aide et du transport. D’après nos contacts associatifs (L’œuvre d’Orient, Caritas ou des religieuses ukrainiennes) sur place, les personnes montrent des panneaux en indiquant « j’ai tant de places dans ma voiture ». Dans le lot, il y a malheureusement des proxénètes et autres malfrats. Le problème c’est que les gens montent en voiture mais ne savent pas où ils vont arriver !
  • La situation sur les pays de l’ouest, qui est un peu similaire. Il y a eu de nombreux signalements et la police a procédé à des arrestations de proxénètes qui essayaient de récupérer des jeunes femmes, en France comme ailleurs. Près des points d’arrivée et des lieux d’accueil.

Beaucoup vont vers le Sud de la France ou sur l’Espagne et le Portugal car il y a une grosse diaspora ukrainienne dans la péninsule ibérique. Mais maintenant, le Royaume-Uni fait rentrer les ukrainiens au compte-goutte. Une bonne partie d’entre eux restent donc en France. S’ils se présentent dans nos antennes, nous leur donnons l’adresse du point d’accueil à la Porte de Versailles par exemple.

Aujourd’hui, il y a une véritable alerte de l’Union Européenne et de l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) sur la question des enfants (la moitié des réfugiés, au 30 mars, sont des enfants). L’autre moitié, ce sont majoritairement des femmes ou bien des hommes âgés comme les 18/60 ans doivent rester pour se battre. En parallèle, le Collectif Ensemble contre la traite des Êtres Humains, dont les Captifs sont membres, se mobilise pour informer les réfugiés des risques encourus et des gestes préventifs à mettre en place (prendre en photo les plaques d’immatriculation, ne pas se séparer de son passeport…). 

Quels sont les risques pour ces personnes et comment peut-on les limiter ?

Les personnes peuvent être victimes de personnes malintentionnées qui vont demander des contreparties déplacées en échange d’un transport ou d’un hébergement : services domestiques ou faveurs sexuelles. Il y a un signalement très clair sur les questions de traite des êtres humains.

Les Captifs ont pris les devants pour voir comment anticiper ce phénomène en France et comment sécuriser les couloirs d’arrivée dans les gares ou les autres spots. Plusieurs dialogues sont ouverts, notamment avec l’ambassade ukrainienne. Nous échangeons aussi avec JRS (Jesuit Refugee Service) qui alerte toutes les associations d’hébergement, à l’instar du Collectif contre la Traite. Le gouvernement a aussi envoyé un communiqué à tous les préfets (circulaire du 23 mars 2022 des ministères du Logement et de l’Intérieur), traitant de l’hébergement des réfugiés ukrainiens et incluant un paragraphe sur le sujet de la TEH.

« L’idée est de créer une espèce de tapage pour que les gens soient conscients qu’il y a un risque. »

Thibault Leblond

Quand on est dans une situation d’urgence, les gens ne se projettent pas sur le « après ». C’est l’émotion qui réagit. Pourtant, ce n’est pas après, une fois que les filles seront dans les réseaux que nous pourrons faire quelque chose.

Nous participons aux réflexions sur la sécurisation des espaces d’accueil et à la façon dont on accueille ces Ukrainiens, avec une vigilance accrue à l’hébergement par des particuliers  (« l’hébergement citoyen »). Comment est-ce qu’on contrôle les hébergeurs et comment est-ce qu’on les accompagne.

Cet élan collectif est vrai et bénéfique mais il risque de retomber comme chaque élan émotionnel. Les hébergements en famille ne peuvent pas durer 6 mois non plus.

A part de la sensibilisation, que font les Captifs ?

Nous ne sommes pas en première ligne mais nous allons récupérer la misère de la seconde vague. Ceux qui n’ont pas de familles en Europe ou ailleurs, ou bien qui n’ont pas eu les moyens de quitter l’Ukraine avant, vont arriver dans un second temps. Avec les traumatismes causés, il y a un risque de précarisation. Le public en grande précarité que nous rencontrons a aussi vécu un drame à un moment donné qui fait que tu coules. Il y a des chances que ces populations qui auront vécu cela, glisse dans cette même précarité .

Pour éviter cela, chacun doit avoir une attention fraternelle à ces gens qui arrivent chez nous pour permettre le plus de paix possible.

Les mots clés sont donc Information – Vigilance et Accompagnement.

 

 

  • Lire le flyer d’information aux personnes exilées