Les Captifs à Nîmes : retour d’expérience des bénévoles

Prière dans la rue avec les personnes SDF.

Aux Captifs, nous proposons aux personnes SDF en situation de précarité de participer à une prière, baptisée « prière-rue ». Témoignage de Guilhemine Chaume et Elisabeth Charbonnier, bénévoles et coordinatrices de la prière rue à Nîmes (30).

Ouverte depuis 2020, l’antenne de Nîmes organise une prière-rue avec et pour les personnes de la rue depuis mars 2021. Un temps fort pour tous ceux qui y participent, accueillis et bénévoles, et qui se déroule tous les premiers mardis du mois, à 17h, sur le parvis de l’église St Charles-St Paul. « Au début, nous priions dans l’Eglise, mais les personnes de la rue ne venaient jamais. Tout a changé en septembre, quand on a commencé à prier dehors, et que Juliana , membre de l’ équipe nous a formés sur : comment prier avec des personnes de la rue ? » raconte Guilhemine, bénévole, tout comme Elisabeth, qui complète son récit. « En discutant avec eux, on a compris que certains ne se sentaient pas de rentrer dans une église : par honte de leur état, parce qu’ils ne se sentaient pas dignes ou tout simplement parce qu’ils n’étaient jamais rentrés dans une église. Dehors, c’était plus simple pour eux. » A chaque fois, les bénévoles préparent un goûter et réfléchissent à une démarche qui pourra rendre chacun acteur pendant la prière : rédiger une intention, partager sur un texte, une parole de la Bible, allumer une bougie… « Une fois, un gars que l’on croisait à la gare, a chanté un Ave Maria ! On l’a senti très heureux de le faire. C’était incroyable et très beau ! ». Parmi tous les visages croisés, celui d’une jeune femme, Maria, reste gravé dans leur cœur. « Elle n’est venue qu’une fois. Elle a beaucoup partagé avec l’un d’entre nous et a été profondément émue par ce temps. Elle nous a dit qu’elle priait tous les jours. Son état était terrible : les pieds nus, noirs de crasse, les vêtements très abimés mais un regard magnifique, lumineux, profond, habité… C’était une grande cassée de la vie, mais son témoignage nous a bouleversés. On s’est dit que c’était un ange envoyé de Dieu. Nous y avons vu le Christ sur la croix, défiguré. Nous avions la certitude que ce jour-là, la prière-rue était pour elle ». Les deux bénévoles restent cependant modestes par rapport à ces temps de prière. « Tout est encore petit, fragile… Depuis la création de l’antenne, les 10 bénévoles, que nous sommes, avons rencontré plus de 100 personnes différentes en rue, alors que la prière n’a attiré que très peu parmi eux. Au maximum nous en avons eu 6 à nos côtés ! Mais ce n’est pas grave. S’il n’y a qu’une personne, c’est comme ça. On ne se pose pas de questions. Nous nous laissons porter, il n’y a pas d’objectif d’efficacité, de rentabilité juste une proposition, fidèle et sincère. C’est l’Esprit Saint qui est à l’œuvre ». Malgré tout, juste avant que la prière-rue ne débute, pour élargir le cercle, certains membres de l’équipe, quand ils le peuvent, partent à la pêche pour rappeler aux personnes de la rue que c’est l’heure. « C’est vraiment essentiel que l’on soit passé dehors, conclut Guilhemine. Et finalement, quand on y pense, c’est complètement en accord avec la demande du Pape de sortir de nos périphéries, de notre confort, de notre cadre habituel, pour aller porter la bonne nouvelle.  Une Eglise en sortie !»