Accompagnement des personnes alcoolo dépendantes : quelles voies de libération ?

Témoignage de Léo Cloarec, responsable de l’Espace Marcel Olivier (EMO, Paris 9e), qui accompagne les personnes accueillies pour se libérer des conséquences négatives de leur alcoolo dépendance. Au sein de l’association, l’EMO développe un modèle d’accompagnement des personnes de la rue consommatrices d’alcool, pour les aider à réduire les risques liés à leur consommation au quotidien, et notamment pour leur santé. L’objectif de ce programme n’est pas forcément le sevrage et l’abstinence mais d’abord une amélioration de leur qualité de vie.

Léo Cloarec, 28 ans, travaille depuis presque 3 ans aux Captifs. Son rôle ? Veiller au bon fonctionnement de l’Espace Marcel Olivier et de toutes les activités qui s’y déroulent. En tant que responsable de l’EMO, il encadre tous les jours une équipe de 3 personnes. 

L’EMO, comme les « gars » l’appellent est un lieu ouvert tous les matins du lundi au vendredi, 9 rue Bergère à Paris (9e). Chaque matin, Léo et son équipe y accueillent entre 15 et 30 personnes, toujours un peu les mêmes, qu’ils sont heureux de retrouver jour après jour. Au programme :  petit déjeuner, jeux de cartes, repos dans les canapés, pauses cigarettes et surtout discussions. Ici, sont partagées expériences et confidences… car l’EMO est avant tout un lieu d’accueil sécurisant pour les personnes accueillies. Elles peuvent y consommer de l’alcool en réduisant les risques associés à leur consommation (chutes, déshydratation, manque d’alcool, stigmatisations…). Ici, elles sont en confiance et se sentent bien entourées dans un cadre bienveillant : « Vous êtes comme la famille » disait une personne accueillie à Léo.

Parmi les missions de Léo, coordonner, 2 à 3 fois par semaine des ateliers en parallèle de l’accueil. Ces groupes de parole, d’art thérapie ou d’expression spirituelle sont autant d’occasions pour les personnes accueillies de se libérer des conséquences négatives de leur alcoolo dépendance. « La combinaison d’activités, d’ateliers, de temps d’écoute et de partage ont un impact libérateur pour les personnes accueillies » explique Léo. Naturellement, les accueillis réduisent leurs volumes de consommation sur le temps d’accueil. Grâce au cadre sécurisant, instinctivement, ils ressentent moins le besoin de boire que lorsqu’ils sont dehors. L’autorisation de la consommation et le cadre bienveillant permettent une libération de la parole autour de la question de l’alcool et des représentations que les consommateurs ont d’eux-mêmes. A l’Espace Marcel Olivier, tous apprennent à se définir autrement que comme alcooliques, ils sont avant tout des personnes.

« Naturellement, les personnes accueillies réduisent leurs volumes de consommation sur le temps d’accueil. »

– Léo, responsable de l’EMO

L’EMO est devenu un lieu de référence pour certaines personnes accueillies qui parfois accèdent à un accueil de jour et un espace de vie en communauté pour la première fois de leur vie et ce malgré leur alcoolo dépendance.

Ce lieu est aussi source de libération simplement pour les liens que l’on peut y tisser. Léo témoigne « Nous sommes très proches des personnes rencontrées car effectivement, à force de se voir tous les jours pendant parfois des années, un sentiment d’amour mutuel se crée et je dirais que réellement nous nous élevons mutuellement. Ces personnes nous font grandir au quotidien, alors merci à elles ! ».

Merci à tous ceux qui soutiennent ce projet : Fondation Notre Dame / MILDECA / Fondation Marie-Eugénie Rose Fondation Nehs Dominique Bénéteau / MMPCR / ARS Île-de-France / Fondation Sarepta