Myriam a vécu en rue, dans le quartier de l’église Saint-Ferdinand-des-Ternes (Paris, 17e) pendant plusieurs années. Elle nous raconte comment elle a trouvé la foi et l’espérance au cœur de sa détresse et de son immense solitude.
Myriam nous accueille chez elle, dans son studio à Saint Denis (93), autour d’une tasse de thé et de quelques gâteaux. Elle y réside depuis un peu plus de 5 ans, et elle s’y sent bien. La proximité du métro, des voisins discrets, des commerçants sympathiques… Myriam a désormais tous ses repères dans ce quartier. La seule chose qui la ramène chaque semaine à Paris ? La messe à Saint-Ferdinand-des-Ternes (Paris, 17e). Elle y retrouve des personnes qui ont compté sur son chemin. Car Myriam a traversé beaucoup d’épreuves avant d’arriver là où elle est aujourd’hui. « Je me suis retrouvée à la rue après une séparation. Je dormais dans le quartier de l’église, j’avais froid, j’étais seule, j’étais souvent malade. J’ai été abordée par des paroissiens qui m’ont proposé de venir d’abord prendre un café, puis un repas et une douche » Elle entre alors dans l’église et y trouve du réconfort. « En rue, j’ai découvert la foi en Dieu. La solitude y est terrible et quand on trouve Dieu, on est content. On n’est plus seul. » Myriam approfondit sa foi au fil des jours. Elle discute beaucoup avec le Père Emmanuel Schwab, curé de St Ferdinand, qui fait en sorte qu’elle soit accueillie par les paroissiens. Elle accepte aussi un accompagnement sur le plan social et médical. « Je n’avais pas de Bible, et pour apprendre, j’allais écouter la messe. Je priais dans mon cœur ». Un jour, elle demande à Emmanuèle, paroissienne bénévole engagée auprès des plus pauvres – qui deviendra sa marraine- comment faire pour recevoir le Baptême. Cette dernière lui conseille d’en parler au prêtre Matthieu Rougé (ordonné depuis évêque de Nanterre). « Je n’étais pas sûre qu’il accepte ». Un échange s’installe entre eux et Myriam reçoit le sacrement du baptême en avril 2017, au cours de la vigile pascale. « J’ai beaucoup parlé avec lui. Il est très gentil. Je lui ai parlé de mon espoir de vivre ». A l’époque, elle fréquente des lieux d’accueil, et suit notamment un atelier de dessins de notre association à l’église Sainte Jeanne de Chantal (Paris, 16e), animé par Isabelle. Un jour, sa sœur lui propose de l’accueillir à St Ouen (93) et elle y réside un temps, avant de trouver une colocation, puis le studio dans lequel elle vit aujourd’hui depuis septembre 2017. Elle a repris des liens avec ses 6 frères et sœurs, qui vivent majoritairement à Charleville Mézières, là où elle est née. Renoué également le fil avec son fils, âgé de 30 ans. Pour Myriam, le quotidien est désormais celui d’une citoyenne ordinaire. Avec sa pension d’adulte handicapée, elle paie son loyer, ses courses. Parfois, quand les fins de mois sont difficiles, elle récupère des légumes lors de distributions gratuites, et son CAP de cuisinière lui permet de les préparer avec goût. Pour s’occuper, elle tricote, elle regarde la télévision, et souvent KTO. Et évidemment, elle prie.