Le 17 janvier 2024, un échange sur le sans-abrisme entre parlementaires et personnes à la rue ou anciennement à la rue, s’est tenu à l’Assemblée nationale autour d’un dîner, sur proposition de l’association Les Oubliés de la république. Cet échange avait pour objectif de préparer le débat prévu le même soir entre des députés et Christophe BECHU, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, sur le thème précité.
Trois accueillis des Captifs accompagnés d’un salarié étaient présents et ont pris la parole pour partager leur vécu à la rue et parler des problématiques qui en découlent. Un des accueillis à notamment beaucoup insisté sur les problèmes de santé mentale. D’autres associations étaient aussi présentes comme Entourage[1] et Repairs[2]. Un des accueillis, Lucien, a pointé la lenteur du système administratif français et le manque de places de domiciliation. Les députés ont fait preuve d’une grande écoute.
Il est ressorti des débats que le sans-abrisme n’est pas qu’une question de logement. Il a été questionné également la capacité de notre économie à garantir à chaque citoyen un emploi et un salaire décent ; et pointé l’échec de l’Aide Sociale à l’Enfance dans sa mission à accompagner les jeunes placés ou baignant dans un univers familial complexe, vers l’autonomie et un chemin de vie stable.
Par ailleurs, sur la question du sans-abrisme, une proposition de loi visant à mettre en place un décompte annuel des personnes sans-abri dans chaque commune afin de pouvoir évaluer et planifier les politiques de prévention et de lutte en la matière vient d’être adoptée par le Sénat et a donc été renvoyée en première lecture à l’Assemblée nationale. Elle institue pour les communes de plus de 100 000 habitants, l’obligation de décompter de nuit annuellement les personnes sans-abris se trouvant sur leur territoire. Cette proposition viendrait généraliser la Nuit de la Solidarité qui a lieu depuis plusieurs années à Paris.
Pour Thierry des Lauriers, Directeur Général de l’association Aux captifs, la libération, chaque méthodologie a ses forces et ses faiblesses. Si ce décompte permet de prendre en compte réellement la question du sans-abrisme, cela est positif. Néanmoins, aucune nouvelle solution à cette problématique ne semble avoir émergée depuis l’instauration de la Nuit de la solidarité il y a 7 ans ; malgré la stabilité relative du nombre de personnes recensées sans solution d’hébergement (entre 2800 et 3650 personnes sur les 7 dernières années).
Il faut aussi reconnaitre humblement que la question du sans- abrisme est complexe à résoudre car les causes sont multiples : santé mentale, ruptures de vie, migrations, sortie de prison, expulsion locative, toxicomanie, alcoolodépendance, et car la rue elle-même génère des souffrances psychiatriques.
Je vous partage ces quelques mots de Thierry des Lauriers qui m’ont interpellée : « Tant qu’on sera capable de mettre de l’or sur les bâtiments de Paris, ne nous étonnons pas que les gens viennent chercher la richesse chez nous. On aura beau ériger des murs, des barrières pour tenter de faire face à la crise migratoire, il y aura toujours des personnes qui seront attirées par la richesse de la France. »
[1] Association qui met les sans abris en relation avec leur entourage et leur redonne un réseau social
[2] Association d’anciens enfants de l’Aide Social à l’Enfance aidant d’autres enfants de l’ASE dans leur parcours de vie