« Convertir les cœurs » : réactions de personnes accueillies

Abdel, Amjad, Babacar, Joy, Lucy et Mustafa ont un point commun : accompagnés par les Captifs, ils ont tous connus la violence de la rue, mais travaillent aujourd’hui dans un atelier d’insertion sociale et professionnelle sous statut OACAS (Organisme d’Accueil Communautaire et d’Activités Solidaires). A l’atelier BOSCO*, en peinture, ou à l’atelier BAKHITA*, en couture. Ces ateliers leur permettent de reprendre conscience de leur dignité en participant à une activité rémunérée. A l’occasion d’un déjeuner partagé, ces compagnons ont partagé sur le thème « Convertir les cœurs ».

Tous les vendredis, à la Maison Bakhita (Paris 18e), les 14 compagnons des Captifs partagent un déjeuner. Un moment et un lieu adapté – la maison est dédiée à l’accueil fraternel et spirituel des migrants – pour parler de conversion des cœurs. La conversion est abordée au sens large, car parler de religion ce n’est pas toujours simple. Pour Joy, se convertir, c’est déjà vivre ensemble, dans une communauté de travail. En tant que femme compagnon de l’atelier BOSCO, elle a dû s’adapter. « Je ne peux pas dire que ce soit facile de rejoindre l’atelier peinture mais avec le bon état d’esprit, c’est possible. Il faut avoir le désir de travailler et d’apprendre pour devenir meilleure en peignant. Et puis dans l’équipe, nous nous entendons bien. Nous sommes comme une communauté qui se retrouve tous les vendredis pour un repas tous ensemble ! ».

Les hommes, musulmans en majorité, n’ont pas envie de parler de spiritualité. « Nous, on ne parle pas de religion, comme ça pas d’embrouilles ». Leur remarque interpelle Lucy, congolaise et catholique : « Moi, si je suis ce que je suis aujourd’hui, c’est grâce aux Captifs, au père Bancon, le curé de l’antenne Saint-Leu-Saint-Gilles, mais aussi à Sœur Solange. J’aime les échanges sur la foi avec l’équipe ». Elle participe à toutes les activités spirituelles proposées et dit même « aimer prier en équipe ». Elle aimerait partager plus ce qu’elle vit avec les autres femmes de l’atelier BAKHITA. « Malheureusement elles sont toutes anglophones et il y a la barrière de la langue ». Certains musulmans, comme Mustafa et Babacar, sont curieux de découvrir la religion chrétienne grâce aux Captifs. Ils côtoient l’association depuis plus de 6 ans et s’accordent sur la richesse des échanges spirituels. « A l’atelier j’aime l’ambiance c’est comme une famille, explique Mustafa, alors tout ce que l’association propose je lui fais confiance et je vais voir. La messe par exemple, j’y vais à chaque fois. Je pense que c’est bien pour moi ». Mustafa complète : « Si tu y vas seul tu ne peux pas comprendre, mais quand les Captifs t’expliquent c’est bien. Avant, je ne connaissais pas et je ne comprenais pas ». Babacar ajoute : « Je pense que c’est le même Dieu, mais il y a différentes façons de le prier. J’ai été très bien accueilli par l’Eglise, j’ai découvert que l’on peut s’aimer. C’est ça la fraternité ! ».

Pour tous, la conversion des cœurs se vit également avec les clients. « Au fur et à mesure des chantiers de peinture, nous créons des liens avec eux, et leur regard changent sur nous, les migrants. Au début ils se méfient, puis ils nous donnent à boire, à manger puis certains nous donnent même les clefs et parfois ils nous proposent d’autres chantiers : c’est la preuve qu’il nous font confiance ».

*Si vous êtes intéressés pour faire réaliser des chantiers de peinture ou des commandes de cortège de mariage, contactez Florence De Dreux Breze f.dedreuxbreze@captifs.fr ou 06 30 28 53 08