Les Captifs au FRAT de Jambville : un temps privilégié pour témoigner auprès de collégiens de notre action auprès des plus précaires

« Ne ralentissez pas votre élan ! » Tel était cette année le thème du FRAT de Jambville rassemblant plus de 11 000 jeunes chrétiens d’Ile-de-France, âgés de 13 à 15 ans, pour louer le Seigneur le week-end de la Pentecôte ! Les Captifs sont venus les rencontrer et les sensibiliser à la situation des personnes sans-abri.  

Pour la 3ème fois depuis la création du FRAT, les Captifs ont témoigné de leur engagement auprès des plus pauvres, à travers le témoignage de Charlotte, responsable de la mission « Message aux écoles » et d’Amélie, responsable d’une antenne à Paris. Elles ont livré un témoignage personnel devant 1 280 jeunes du Val d’Oise. Un témoignage sur leur relation à Dieu et sur comment leur foi inonde leur travail quotidien. Comment nourrissent-elles cet élan vers Dieu et qu’est ce qui dans leur mission au sein des Captifs leur permet de conserver cet élan ? Plusieurs jeunes les ont questionnées sur comment elles avaient rencontré Jésus.

Par ailleurs, les Captifs ont pu faire connaitre leur action auprès des personnes en situation de précarité dans le cadre de « FRAT Avenue », un espace de dialogue où plusieurs associations tenaient un stand. Le défi était de taille : comment sensibiliser des jeunes de 3ème ou 4ème à ce que vivent les personnes de la rue en 1 ou 2 minutes ? Défi accepté et relevé par Charlotte et Amélie, qui avaient fabriqué un jeu, une « roue de la rencontre » pour découvrir le portrait de personnes accueillies à travers des verbatims !

Par ailleurs, Amélie a partagé l’histoire de Mike, un homme âgé de 59 ans, à la rue depuis l’âge de 19 ans… Ce temps de témoignage était émouvant pour Charlotte qui découvrait l’histoire de Mike en même temps que les jeunes.

La lecture d’une très belle prière de l’Abbé Pierre « Je continuerai à croire… » a clôturé ce temps de témoignage sur le thème de « l’élan ». La voici :

« Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir.
Je continuerai à aimer, même si les autres distillent la haine.
Je continuerai à construire, même si les autres détruisent.
Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre.
Je continuerai à illuminer, même au milieu de l’obscurité.
Je continuerai à semer, même si les autres piétinent la récolte.

Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent.
Et je dessinerai des sourires sur des visages en larmes.
Et j’apporterai le soulagement, quand on verra la douleur.
Et j’offrirai des motifs de joie là où il n’y a que tristesse.
J’inviterai à marcher celui qui a décidé de s’arrêter…
Et je tendrai les bras à ceux qui se sentent épuisés. »

Merci à Charlotte et Amélie d’avoir porté le témoignage des Captifs auprès des jeunes !

Ils s’engagent avec nous : Christophe et Stéphane, accueillis de Saint-Germain-de-Charonne (Paris, 20e)

Christophe et Stéphane, accueillis de l’antenne Saint-Germain-de-Charonne (Paris, 20e) se sont rendus cinq jours à Marmande, entre Agen et Bordeaux, au mois d’avril, pour partager leur parcours de vie à la rue et sensibiliser les futurs éducateurs de l’Institut Régional du Travail Social local. Cette intervention a été préparée minutieusement en amont avec les deux travailleuses sociales de l’antenne, qui avaient été invitées à l’origine pour présenter leur quotidien aux étudiants. Elles ont proposé cette inversion des rôles, qui a beaucoup plu. Les deux personnes accueillies ont pu échanger avec les futurs éducateurs sur le regard que les passants ont l’habitude de poser sur eux et comment ils vivent la relation d’aide avec leur travailleuse sociale. Si ils ont beaucoup aimé témoigner et échanger dans ce cadre, cette intervention responsabilisante leur a aussi permis de se remobiliser et de prendre conscience de leurs capacités ; de par leur position « d’acteur » et par le fait qu’ils se soient sentis écoutés. Cette intervention a été particulièrement émouvante pour Christophe qui s’est rendu compte d’où il partait et jusqu’où il était capable d’aller ! Bravo à eux !

« JO : le combat des associations pour intégrer les sans-abris à la fête »

La France accueillera les Jeux Olympiques et Paralympiques du 26 juillet au 8 septembre 2024. A l’image de la coupe du monde ou de l’Euro de football, accueillir de grands évènements sportifs est souvent perçu et annoncé comme fédérateur ; comme facteur de cohésion, d’unité et de rassemblement entre les Français. L’inclusivité recherchée semble néanmoins loin d’être gagnée : des étudiants sont expulsés de leurs logements et les personnes à la rue en Ile-de-France, en grande précarité, sont priées de « déménager » temporairement en région. Aux captifs, la libération qui rencontre et accompagne les personnes à la rue est très concernée par ce sujet : certains accueillis régulièrement rencontrés en rue et accompagnés par des travailleurs sociaux seront sans doute « mis à l’abri » et seront donc hors circuit. Il y a un vrai enjeu pour l’association de réussir à maintenir le lien avec eux malgré un changement de routine probable. Néanmoins, la constance et la fidélité des Captifs envers les accueillis devraient permettre aux deux parties de se retrouver à la fin des Jeux !

L’opacité des dispositifs prévus pour les personnes à la rue pendant les Jeux inquiète de nombreuses associations, parmi lesquelles Aux captifs, la libération, et laisse entendre l’incapacité des pouvoirs publics à proposer des solutions adaptées à chacun quand bien même le gouvernement souhaiterait faire de cet évènement un « un outil d’inclusion, d’insertion et d’intégration sociale ». Pour en savoir plus sur cette question, nous vous invitions à lire l’article d’Elisabeth Crépin-Leblond, journaliste chez Carenews, intitulé «JO : le combat des associations pour intégrer les sans-abris à la fête » dans lequel Thierry des Lauriers, directeur général des Captifs est interviewé.

Olivier, bénévole auprès des personnes prostituées à Paris

Les bénévoles sont la clé de voute de l’association Aux captifs, la libération. Nous vous proposons donc de découvrir le portrait de l’un d’eux, Olivier Bazil, bénévole à l’antenne de Lazare (16ème). Tous les mardis soir, à partir de 18h30, il retrouve son trinôme pour sa tournée-rue en camion au bois de Boulogne.


  • Depuis combien de temps êtes-vous bénévole aux Captifs ?

«  C’est ma quatrième année de bénévolat aux Captifs. J’ai commencé par l’accueil des hommes le lundi après-midi puis l’association m’a proposé d’étoffer mon engagement en tournant tous les mardis soir au bois de Boulogne. Dans le cadre de ces tournées-rue (ou maraudes) en camion, nous rencontrons une population plutôt féminine, souvent trans ou travestie mais qui sont avant tout des personnes. »

  • Qu’est-ce que vous apporte cet engagement ?

« Depuis plusieurs années déjà, j’aspirais à ne pas me laisser enfermer et à trouver une ouverture sur un monde différent de celui de mes contacts habituels : j’ai eu une famille formidable, une bonne éducation, une carrière professionnelle intéressante et je pense que je n’aurais pas eu une vie « complète » si je n’avais pas eu la chance de ces rencontres avec ces personnes de la rue ou du bois, qui représentent un autre type de « prochain » que le Christ nous enseigne d’aimer.

Ces tournées-rue permettent souvent le tissage de vrais liens de confiance avec les personnes que nous rencontrons et il nous est même parfois donné de vivre des grâces exceptionnelles, comme celle que je voudrais vous raconter.
C’était un mardi soir, nous abordions deux personnes que nous connaissions bien pour échanger comme d’habitude au pied de leur camion, quand elles nous ont annoncé le décès brutal d’une collègue : elles étaient là toutes les deux, dans la nuit du bois, traumatisées par cette nouvelle terrible et par le fait que leur amie s’étant progressivement refermée sur elle-même, elles avaient été impuissantes et incapables de la sauver.
Que faire ? Notre suggestion d’une prière aussitôt acceptée, ce fut tout d’un coup un vrai moment de grâce : ces deux femmes, profondément bouleversées, ont improvisé dans la nuit une prière d’une spiritualité intense et qui révélait leur évidente proximité avec la Vierge Marie et avec son fils : nous, bénévoles, n’avions rien dit mais ce soir-là j’ai compris pourquoi Jésus pouvait se sentir très proche de certains pécheurs. »

  • Quelle est votre place aux Captifs ?

« Je suis un simple bénévole qui donne un peu de son temps et qui reçoit énormément. Etant généralement le plus vieux de la bande, les personnes du bois m’attribuent souvent spontanément le rôle du père, grand-père, tonton ou « abba ». Ces surnoms affectueux, énoncés avec un respect malicieux, permettent parfois de glisser plus facilement un commentaire ou un conseil, à condition de ne pas trop abuser du procédé ! »

  • Que diriez-vous à quelqu’un qui souhaite et/ou qui hésite à s’engager ?

« Je dirais deux choses : la première, n’ayez pas peur ! En tant que bénévoles, nous sommes formés et encadrés et nous ne sommes jamais seuls ; et de plus le contact avec les personnes de la rue ou en situation de prostitution est souvent plus facile que l’on ne croit : beaucoup sont avides de parler, de justifier leurs choix, d’expliquer leur vie et leurs soucis. Et si d’autres le sont moins, il est très rare qu’elles résistent au bout d’une dizaine de sollicitations souriantes et courtoises… Cela peut prendre du temps mais lorsque l’armure accepte de s’entrouvrir, alors tout devient possible.

Et puis surtout les femmes et les hommes du bois sont des personnes comme nous tous : ils ont des problèmes, des tristesses, des amours, parfois des enfants… Ce sont des PERSONNES – parfois d’ailleurs profondément spirituelles. Et les discussions de toutes sortes sont souvent passionnantes »

  • Pourquoi vous êtes-vous spécifiquement engagé aux Captifs ?

« J’ai connu les Captifs grâce à mes enfants qui m’avaient attiré à un pèlerinage à Lourdes de l’ABIIF, les jeunes brancardiers d’Ile-de-France.
Pendant le séjour j’avais remarqué la présence d’une religieuse toute petite et qui était toujours entourée de 4 grands gaillards particulièrement attentifs et délicats avec les malades, et toujours disponibles. Intrigué, j’ai demandé un jour : « Mais Sœur Solange qui sont donc vos 4 gardes du corps ? ». Elle me répondit en souriant : « Ce sont des gars de la rue, qui sont depuis longtemps aux Captifs ; ils ont été volontaires pour venir aider pendant le pèlerinage mais après ils retournent à la rue ». J’ai compris que l’un d’entre eux était musulman, un autre plutôt agnostique mais tous avaient une belle personnalité et ils venaient s’ouvrir à autre chose que la rue. D’ailleurs l’année suivante j’ai retrouvé l’un d’eux à Lourdes et nous nous sommes embrassés comme du bon pain !
A l’époque, je n’avais pas beaucoup de temps libre alors j’ai commencé par devenir donateur tout en gardant l’idée de venir frapper à la porte des Captifs un peu plus tard. »

Un grand merci Olivier d’avoir accepté de nous livrer de l’intérieur votre ressenti et partagé votre expérience d’engagement. Merci à tous les bénévoles Captifs pour leur engagement.

Bel hommage aux morts de la rue

En 2023, 656 personnes sans-abri sont mortes de la rue. Pour leur rendre hommage, le 19 mars 2024, une vingtaine de Captifs se sont rendus à la manifestation organisée chaque année par le Collectif des Morts de la Rue (https://www.mortsdelarue.org/). Cet événement – qui a pour objectif de rendre visibles les morts de la rue et de les honorer – s’est déroulé cette année aux Arènes de Lutèce (Paris, 5e), de 11h30 à 15h et a rassemblé près de 300 personnes. Sur place les noms des personnes décédées ont été lus à voix haute, et marqués au feutre sur des planches de bois, qui ont été réparties sur le sol des arènes. Chaque planche a été fleurie d’une rose à l’issue de la lecture des noms.

Créé en 2003 sur l’impulsion de Patrick Giros, fondateur d’Aux captifs, la libération, le Collectif des Morts de la Rue est aujourd’hui une association indépendante, qui regroupe une cinquantaine d’acteurs associatifs en lien avec les personnes de la rue. L’association Aux captifs, la libération y est représentée par Fabienne De Borger, bénévole engagée sur notre antenne de l’Immaculée Conception (Paris, 12e).

Favoriser l’accès à la connaissance par la lecture

Ouvrir un livre est un remède assuré pour s’évader quelques heures de l’enfer de la prostitution ! Face à la curiosité des femmes qui sont accueillies à l’antenne de Saint-Leu Saint-Gilles (Paris, 1er), Armelle, travailleuse sociale, a envie de développer des activités littéraires autour du livre. Le livre est une véritable porte d’entrée vers le monde des connaissances et de la culture, et l’apprentissage du français. Les femmes que l’association Aux captifs, la libération accompagne suivent régulièrement des cours de français mais n’ont pas toujours la chance d’avoir accès à des livres. C’est pourquoi ouvrir une micro-bibliothèque à l’antenne permet à ces femmes d’accéder à des livres et d’enrichir ainsi leur accompagnement social. Il s’agit d’amener les livres jusqu’à ces femmes.

Afin de permettre la concrétisation de ce projet, l’antenne est à la recherche de dons de livres accessibles pour un public non francophone (livres en français facile, livres bilingues franco-anglais, livres graphiques et bandes dessinées, abécédaires type Kididoc, livres sur les saints, les métiers, le corps, revues récentes…). Certaines femmes venant aux permanences d’accueil avec leurs enfants, nous recherchons aussi des livres imagés adaptés aux tout-petits.

Si vous désirez effectuer un don de livre(s), vous pouvez soit les déposer à l’antenne de Saint-Leu Saint-Gilles, soit contacter Armelle au 07.57.44.28.67 ou par email (a.paquier@captifs.fr)

Un immense merci par avance pour votre générosité !

Invitation à la soirée Pour que le Monde espère !

Vous aimeriez en savoir plus sur notre action auprès des personnes qui souhaitent sortir de la prostitution ? Venez écouter et soutenir Gilles Badin, directeur du pôle prostitution, qui va témoigner le 23 mai à la soirée de collecte Pour que le Monde Espère, organisée par la Communauté de l’Emmanuel, à 19h à la Crypte de Saint-Honoré-d’Eylau (Paris, 16e). Les dons seront bienvenus !

Cliquez ici pour vous inscrire à la soirée et découvrir plus d’informations : https://emmanuel.info/pour-que-le-monde-espere/

Grâce à vous, Ahkime a retrouvé la joie de donner

La joie de donner quand on ne possède plus rien…

« La première façon de donner cette joie de donner, c’est de venir les mains vides, pour recevoir, les mains vides et sans a priori, pour se taire et écouter, être simplement présent pour se laisser aimer. » Thierry des Lauriers, dans son livre Charité à mains nues.

L’antenne de Lyon (5e), fondée en mai 2019 par des paroissiens de St Nizier, a grandi avec des bénévoles jusqu’en septembre 2023, date d’arrivée de la première salariée. L’accueil a été ouvert par une bénévole, Martine Pinard Legry.

Témoignage de Charlotte, étudiante en première année à l’IRCOM, stagiaire aux Captifs pour l’année :

« En septembre j’ai découvert l’association Aux captifs, la libération en allant à l’accueil de jour du jeudi après-midi à St Nizier. Quand l’école m’a parlé de l’association Aux captifs, la libération dans le cadre d’un projet social à bâtir, je me suis dit, moi, Charlotte, qu’est-ce que je vais bien pouvoir aller faire là-bas et surtout que leur apporter ? Dans la salle où nous rencontrons tous les jeudis des personnes démunies et où nous faisons avec eux des jeux de société, parmi tous les hommes et les femmes que nous côtoyons, Ahkime est celui avec qui j’ai noué une vraie relation d’amitié. Ahkime a 62 ans et est papa de deux grands enfants. Il n’a pas toujours vécu dans la rue mais aujourd’hui a tout perdu. C’est un fidèle des Captifs. Il m’a dit un jour : « La rue est l’endroit où je me sens le mieux, c’est chez moi ». Ces hommes et ces femmes n’ont, comme ils le disent et le pensent, rien à offrir de matériel ni d’émotionnel. A côté de ça, quand Ahkime a appris que c’était mon anniversaire, il est parti chercher un beau bouquet de fleurs, et sa joie de me l’offrir était bien visible. Quand, à mon tour, j’ai appris la date de son anniversaire, il m’a dit : « Tu sais Charlotte, je désire juste un sourire, parce que quand tu me souris, j’existe ! Ça me suffit ! ». Grâce au lien de confiance que Charlotte a su installer en donnant de son temps aux Captifs, Ahkime a pu vivre le : « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Grâce à vous, donateurs, Ahkime est accompagné par Charlotte, stagiaire, Geneviève, salariée et tous les bénévoles de l’antenne.

Ecrit par : Charlotte, étudiante en 1ère année à l’IRCOM Lyon et stagiaire depuis octobre à l’accueil fraternel de Lyon du jeudi après-midi

Un séjour de rupture vivifiant : la découverte des joies de la neige pour des accueillis de Lazare (Paris, 16e)

Rien de tel que la beauté de la montagne pour faire oublier la galère du bois de Boulogne ! Quatre personnes accueillies à l’antenne de Lazare (Paris, 16e) ont pu découvrir les joies de la neige dans le cadre d’un séjour de rupture de 5 jours en Haute-Savoie, où elles sont parties avec 2 travailleurs sociaux et un bénévole en février 2024. Ils ont séjourné dans un chalet, situé au cœur de la station, prêté par un bénévole. C’est la troisième fois qu’un séjour est organisé dans ce cadre, et les personnes accueillies ont répété plusieurs fois être très touchés d’être accueillies chez un bénévole car cela leur faisait se sentir « comme à la maison ».

Au programme : cours de ski (merci au magasin qui a offert la location du matériel de ski) ; concours de luge ; ballades ; cuisine ; partage des tâches du quotidien… Les objectifs de ce type de séjour sont multiples : vivre un temps fraternel entre personnes accompagnées et accompagnants, prendre confiance en soi en découvrant le ski, la luge, prendre du recul avec la rue et la prostitution et commencer à se dire « qu’une autre vie est possible.»

L’un des accueillis n’a pas skié et s’est baladé avec le bénévole accompagnateur, mais il a pris les remontées mécaniques le dernier jour pour rejoindre les autres sur les pistes. Un des travailleurs sociaux l’a posé sur son snow pour lui faire découvrir les sensations de la neige et il était tout content ! Un séjour comme celui-là peut aussi être l’occasion d’une inversion des rôles : un accueilli qui se débrouillait mieux en ski qu’un accompagnateur était tout heureux de le montrer !

Une ambiance familiale a régné pendant toute la durée du séjour. Le soir, l’ensemble du groupe se retrouvait autour d’un bon dîner préparé par les uns et les autres : raclette, tartiflette, croziflette… que de bonnes choses pour se régaler les papilles ! Des jeux de société rythmaient la suite de la soirée.

Ce fut donc un séjour à la neige réussi qui a permis à chacun de travailler son « savoir-être », ses qualités personnelles, en découvrant un nouveau sport a priori hors de portée. Comme on dit, la magie a opéré !

Débat sur le sans-abrisme entre parlementaires et accueillis Captifs à l’Assemblée nationale

Le 17 janvier 2024, un échange sur le sans-abrisme entre parlementaires et personnes à la rue ou anciennement à la rue, s’est tenu à l’Assemblée nationale autour d’un dîner, sur proposition de l’association Les Oubliés de la république. Cet échange avait pour objectif de préparer le débat prévu le même soir entre des députés et Christophe BECHU, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, sur le thème précité.  

Trois accueillis des Captifs accompagnés d’un salarié étaient présents et ont pris la parole pour partager leur vécu à la rue et parler des problématiques qui en découlent. Un des accueillis à notamment beaucoup insisté sur les problèmes de santé mentale. D’autres associations étaient aussi présentes comme Entourage[1] et Repairs[2]. Un des accueillis, Lucien, a pointé la lenteur du système administratif français et le manque de places de domiciliation. Les députés ont fait preuve d’une grande écoute.

Il est ressorti des débats que le sans-abrisme n’est pas qu’une question de logement. Il a été questionné également la capacité de notre économie à garantir à chaque citoyen un emploi et un salaire décent ; et pointé l’échec de l’Aide Sociale à l’Enfance dans sa mission à accompagner les jeunes placés ou baignant dans un univers familial complexe, vers l’autonomie et un chemin de vie stable.

Par ailleurs, sur la question du sans-abrisme, une proposition de loi visant à mettre en place un décompte annuel des personnes sans-abri dans chaque commune afin de pouvoir évaluer et planifier les politiques de prévention et de lutte en la matière vient d’être adoptée par le Sénat et a donc été renvoyée en première lecture à l’Assemblée nationale. Elle institue pour les communes de plus de 100 000 habitants, l’obligation de décompter de nuit annuellement les personnes sans-abris se trouvant sur leur territoire. Cette proposition viendrait généraliser la Nuit de la Solidarité qui a lieu depuis plusieurs années à Paris.

Pour Thierry des Lauriers, Directeur Général de l’association Aux captifs, la libération, chaque méthodologie a ses forces et ses faiblesses. Si ce décompte permet de prendre en compte réellement la question du sans-abrisme, cela est positif. Néanmoins, aucune nouvelle solution à cette problématique ne semble avoir émergée depuis l’instauration de la Nuit de la solidarité il y a 7 ans ; malgré la stabilité relative du nombre de personnes recensées sans solution d’hébergement (entre 2800 et 3650 personnes sur les 7 dernières années).  

Il faut aussi reconnaitre humblement que la question du sans- abrisme est complexe à résoudre car les causes sont multiples : santé mentale, ruptures de vie, migrations, sortie de prison, expulsion locative, toxicomanie, alcoolodépendance, et car la rue elle-même génère des souffrances psychiatriques.

Je vous partage ces quelques mots de Thierry des Lauriers qui m’ont interpellée : « Tant qu’on sera capable de mettre de l’or sur les bâtiments de Paris, ne nous étonnons pas que les gens viennent chercher la richesse chez nous. On aura beau ériger des murs, des barrières pour tenter de faire face à la crise migratoire, il y aura toujours des personnes qui seront attirées par la richesse de la France. »


[1] Association qui met les sans abris en relation avec leur entourage et leur redonne un réseau social

[2] Association d’anciens enfants de l’Aide Social à l’Enfance aidant d’autres enfants de l’ASE dans leur parcours de vie